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Plateforme collaborative d’éducation aux images

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Initiation aux séries par le jeu, l’écriture et l’exercice du pitch vidéo

Action proposée et portée par l’UFFEJ Bretagne – entre avril et novembre 2019

Dispositif Passeurs d’images

  • Coordination

    • • UFFEJ Bretagne

  • Période

    Hors temps scolaire

  • Tranche d'âge

    15-25 ans

  • Participants

    35

La coordination Passeurs d’images bretonne a décidé de mettre en place un atelier itinérant d’écriture scénaristique appliqué aux séries, sur les quatre départements qui composent la région. Le même format d’atelier a donc été déployé et testé dans quatre villes différentes, auprès de quatre groupes de jeunes différents, le tout reparti dans les quatre départements concernés (Côtes d’Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan).

L’action testée s’est proposée de placer les groupes de jeunes en situation professionnelle d’écriture, à la manière des writing-rooms, des workshops d’écriture qui sont organisés dans les chaines de production et de création de la filière audiovisuelle sérielle, afin de construire les intrigues et scenarii des programmes conçus.

A la manière d’un showrunner (1) , l’intervenant artistique associé au projet et aux quatre ateliers d’écriture, Christophe Lemoine, a accompagné et guidé les participant·es dans le déploiement et l’organisation de leurs idées discursives et narratives, ainsi que dans le travail autour des personnages et de leurs spécificités (définition pour chaque personnage imaginé pour la saison : profil physique, attitudes, personnalité et traits de caractère principaux, histoire passée, buts et enjeux vis-à-vis de l’intrigue de la série, etc.).

Il a ainsi amené les groupes à réfléchir et imaginer collectivement les arcs narratifs, l’intrigue et la caractérisation des personnages de la première saison d’une série fictive/imaginée, d’une série dont ils·elles aimeraient être les spectateur·rices.

Les ateliers (se répartissant selon les groupes entre deux et trois jours de travail) débutaient toujours par un temps pédago-ludique d’échanges entre les participant·es et l’artiste, par le biais du jeu de plateau développé par l’UFFEJ Mais qui a tué Sheldon Cooper ? Cet outil ludique propose de faire découvrir l’univers des séries. Inspiré par le principe du Cluedo, ce jeu met en place au début de la partie un meurtre à résoudre, celui de Sheldon Cooper. Il s’agit pour les joueur·euses de retrouver le coupable et le mobile. L’évolution du pion sur le plateau de jeu est rythmée par le lancer de dé, des cartes à piocher et des indices donnés par le maître du jeu. Le jeu est par ailleurs une manière conviviale et chaleureuse d’échanger avec autrui autour de l’univers des séries, ses pratiques culturelles personnelles, ainsi que d’aborder les notions techniques propres aux objets audiovisuels sériels.

Après cette première initiation par le jeu, ce dialogue préliminaire entre tou·tes les participant·es à l’atelier sur les goûts et leurs rapports aux séries les amènent à imaginer la première saison de leur propre série, en se basant sur un format de brainstorming, fondé sur l’oralité du récit et la parole, afin de ne freiner d’aucune manière l’inventivité et la créativité des jeunes participant·es.

A travers un travail sur l’intrigue, les arcs narratifs, les personnages, les jeunes, accompagné·es dans leur démarche créative par l’artiste, ont pu chacun·e formuler et concevoir la première saison d’une série.

L’artiste se proposait de faire la retranscription écrite des idées qu’apportait chaque jeune, afin de ne pas les figer dans des contraintes rédactionnelles. A l’issue de l’atelier, l’artiste remaniait le document afin de le mettre au propre et de le rendre lisible, puis l’envoyait aux participant·es.

Les quatre projets de séries émanant de cette action expérimentale vont certainement faire l’objet d’un dépôt à la SACD, afin que les idées originales déclinées dans les textes soient protégées.

Sur certains ateliers et quand le temps le permettait, les jeunes se sont aussi essayé·es à l’exercice du pitch vidéo – comme s’ils·elles devaient raconter et envoyer leur projet de série à une société de production afin de trouver des financements au projet pour qu’il se réalise.

Ces ateliers, en étant organisés sur le terrain avec des porteurs de projets à la fois sociaux (MJC, etc.) et culturels (salles de cinéma), ont aussi permis de mailler les structures sur les territoires et de proposer des actions permettant à toutes les parties associées de défendre différents enjeux : l’ouverture vers des lieux de diffusion culturelle pour des structures du champ social et la fréquentation de nouveaux publics, l’émergence de nouveaux partenariats pour les lieux de médiation artistique.

Ainsi, ces ateliers d’écriture ont permis d’explorer de nouvelles formes de pratiques autour des séries, qui sont peu exploitées en atelier d’écriture, et a favorisé la rencontre entre jeunes et artistes en région.

Ce projet s’est aussi attaché à mettre en valeur les compétences et productions des jeunes, à s'intéresser à leur culture, leurs pratiques et modes de communication, tout en accompagnant leur prise de recul sur leurs rapports avec les séries par le biais de la création, de l’imagination et de l’échange.

Enfin, cette expérience a aussi contribué aux questionnements actuels des salles de cinéma : quelle place des jeunes dans les salles de cinéma aujourd'hui, quels contenus et quelles pratiques pour la salle de cinéma de demain ?

Formation
La mise en place de ces ateliers a été précédée par l’organisation d’une journée de formation régionale d’éducation aux images le 24 mai 2019 à La Balise (Lorient). Elle a pris place dans le cadre du festival de cinéma Le Joli Mai organisé du 22 au 26 mai à Lorient par l’association J’ai vu un documentaire, soutenue au titre du dispositif Passeurs d’images en Bretagne.

Différentes projections et animations, en lien notamment avec des actions menées avec des publics des quartiers, ont été proposées. Une conférence sur « le cinéma, jeu vidéo, séries : éduquer à l’image à l’ère numérique » a été donnée par Mehdi Derfoufi, enseignant-chercheur en cinéma et jeu vidéo, membre de l’OMNSH (Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines) et chercheur associé à l’IRCAV (institut de Recherche sur le Cinéma et l’Audiovisuel, Paris 3 Sorbonne-Nouvelle).

Cette conférence a proposé un ensemble de réflexions sur le rôle des salles et sur les enjeux de l’éducation à l’image à l’ère numérique. Faut-il s'inquiéter de la place prise par les séries télévisées et les jeux vidéo ? Pourquoi le cinéma devrait-il primer ? L’intervenant est revenu sur les notions établies d'auteur, de création artistique et d’œuvre et a dégagé quelques pistes à partir de l'enjeu des pratiques des publics.

Projets de séries imaginés pendant les quatre ateliers :
- Série imaginée à Douarnenez : Entre deux eaux (projet écrit).
- Série imaginée à Fougères : Latica (projet écrit + pitchs vidéo)
- Série imaginée à Loudéac : L’écho du bahut (projet écrit + pitchs vidéo)
- Série imaginée à Lanester :Corps et âmes (projet écrit)

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(1) Un·e showrunner·euse est responsable de l’idée d’une série jusqu’à sa création. Une fois la série validée, le·la showrunner·euse doit s’assurer du bon fonctionnement d’un scénario pour chaque épisode, tout au long de sa réalisation.