Sorti en mai 2019, ce film revisite l’ensemble des thématiques de notre journée de formation et mérite d’être partagé avec des jeunes ! Film également disponible pour les institutions dans le catalogue Images de la culture (CNC). 

"Nous sommes très heureux d’avoir pu vous faire découvrir COMING OUT, qui est un film qui nous tient particulièrement à cœur chez KMBO. Il consiste en un montage de vidéos filmées par des jeunes du monde entier annonçant à leurs proches leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Il nous fait vivre de manière bouleversante ce moment de basculement intime et social qu’est le coming out, ce moment de tension intense après lequel leur vie ne sera plus tout à fait la même.

Le réalisateur, Denis Parrot, est à l’origine monteur image et infographiste - il a notamment travaillé sur J’ai perdu mon corps. Le projet est né d’un sentiment d’urgence, lorsqu’en 2016 il tombe sur une vidéo Youtube où un jeune homme révèle son homosexualité à sa grand-mère. Il a par la suite visionné plus de 1200 vidéos sur les réseaux sociaux pour mieux comprendre ce phénomène.

Il y a eu ensuite un gros travail d’écriture, afin de s’assurer que toutes les thématiques qu’il souhaitait aborder étaient présentes dans le film, de manière pertinente et équilibrée : la construction de soi, le regard des autres, l’acceptation par la famille. Denis ne souhaitait pas faire un film désespéré, ni idéaliste : il voulait montrer des coming out qui se passent bien, d’autres qui se passent mal, en montrant que cela peut également être un moment simple, presque banal.

Il considérait ces témoignages comme de précieuses images d’archives, qui parlent de notre monde occidental actuel, et qui pourraient exister pleinement et durablement grâce au film, sans finir oubliées dans les limbes de Youtube. Son but était également de faire que ces paroles distinctes se répondent, pour former à la fin une parole plus globale.

Ces témoignages nous permettent de comprendre les différentes motivations qui peuvent pousser les jeunes à poster une vidéo de leur coming out. Il apparaît ainsi qu’une des raisons principales est de vouloir aider les autres en partageant son expérience – « je l’ai fait, tu peux le faire aussi ». Il s’agit également de rompre la solitude, beaucoup de ces jeunes vivant dans une forme d’isolement, parfois pendant des années, lorsqu’ils ou elles se découvrent gay, lesbienne, bi, trans… Ils partagent ainsi leur histoire, se sentent moins seuls, peuvent intégrer une communauté. Parfois, la caméra apparaît également comme une forme de protection, prévenant les personnes filmées qu’elles doivent contrôler leur réaction.

Un autre intérêt du film est de montrer les évolutions qu’ont apportées les réseaux sociaux dans la communauté LGBT. D’une part, la parole s’est libérée, ce qui apporte une grande aide en rompant l’isolement, dans une certaine mesure. Mais d’un autre côté, les réseaux sociaux ont également libéré des paroles homophobes qui dépassent à présent le strict cadre de la famille et de l’école, lieux familiers de l’homophobie, et qui ne sont pas moins violentes sous prétexte qu’elles proviennent d’inconnus.

Un aspect intéressant sur lequel s’est penché Denis est également les différences de milieux sociaux : est-il plus difficile de faire son coming out dans certains milieux ? Sa conclusion était que c’était surtout la religiosité de la famille, sa rigidité, plutôt que le milieu social, qui jouait un grand rôle.

Denis n’a pas de parcours militant ou associatif, il souhaitait simplement contribuer à son échelle à faire bouger les lignes. Il voulait s’adresser à ces jeunes parfois perdus, mais aussi susciter une prise de conscience chez les parents, leur dire qu’ils ignoraient peut-être l’identité sexuelle de leur enfant, et que dans tous les cas, celui-ci ne l’avait pas choisi. Ainsi, Luke, un des jeunes Anglais du film, quand on lui affirme qu’il a choisi d’être gay, répond : « Et vous, quand avez-vous choisi d’être hétéro ? ». Denis se disait que si les parents étaient préparés à cette éventualité, les choses seraient plus faciles, et qu’il y aurait peut-être moins de suicides chez les jeunes LGBT, et moins de jeunes mis à la porte.

Ce film, nous l’avons sorti en mai 2019. Ce n’était pas la première fois que l’on sortait un film LGBT, c’est une des caractéristiques de la ligne éditoriale de KMBO depuis ses débuts, mais pour ce film-là nous avons fait un travail d’accompagnement assez inédit, qui courait sur le long terme, et qui s’attachait à s’adresser aussi bien aux adolescents – notamment en milieu scolaire – qu’à leurs parents. Nous avons conclu des partenariats avec Télérama, Konbini, Têtu, Komitid, SOS Homophobie, Contact et le Centre LGBT de Paris-IdF, et créé un matériel spécifique, notamment une fiche pédagogique réalisée pour le Fipadoc avec des thématiques à aborder en classe pour les enseignants, et un dépliant 4 pages avec SOS Homophobie.
 
Nous avons par ailleurs contacté plus de 200 associations LGBT, notamment les antennes locales et régionales, afin de mobiliser un tissu associatif engagé sur l’intégralité du territoire. Nous avons ainsi pu organiser plus d’une centaine de séances spéciales avec intervenants, associations, et en présence de Denis qui a fait une tournée pendant plus d’un an." Louise de Lachaux