Rencontres nationales 2023

Édito

L’éducation artistique et culturelle : toujours une priorité ?

Un des piliers des dispositifs scolaires d’éducation aux images repose sur la formation des enseignant·es afin qu’ils puissent transmettre ensuite le goût du cinéma à leurs élèves.

Sans concertation aucune avec les partenaires culturels, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a publié, à la fin de l’été, le guide du remplacement de courte durée (RCD).  

Ce guide est susceptible d’impacter significativement nos dispositifs. Il vise, d’une part, à proposer les formations hors du temps scolaire et d’autre part, à conditionner les sorties scolaires à un protocole de remplacement, notamment par le pacte.

À la suite de plusieurs alertes, le directeur du Cabinet du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a écrit aux recteur·rices afin de leur demander d’avoir une attention particulière sur le sujet en programmant les formations proposées aux professeur·es autant que de possible durant le temps scolaire mais en dehors du temps consacré au face-à-face pédagogique ou, à défaut, d’organiser le remplacement du cours.

Malgré cela, nous pouvons d’ores et déjà observer les effets négatifs de cette nouvelle mesure sur plusieurs territoires où les inscriptions aux formations sont en net recul. Mais aussi, et surtout, nous sommes témoins du découragement de nombreux enseignants face à ces nouvelles directives. Ce découragement est d’ailleurs bien compréhensible : comment peut-on imaginer un seul instant que les enseignants découvrent les films programmés en même temps que leurs élèves, sans avoir bénéficié des moyens pour les accompagner ?

Plus tôt dans l’été, des émeutes urbaines sont survenues, de loin les plus graves depuis celles de 2005. Ces émeutes, qui ont mis en exergue les inégalités territoriales, ont impacté le dispositif d’éducation aux images hors temps scolaire « Passeurs d’images ». Si des équipements culturels et sociaux ont été dégradés, si des arrêtés préfectoraux n’ont pas permis la tenue de manifestations culturelles, l’engagement des intervenant·es culturel·les auprès des jeunes n’a pas faibli.

Ces évènements ont, plus que jamais, démontré l’importance de construire avec les jeunes de tous les territoires des projets artistiques et culturels afin de transmettre des savoirs et des savoir-faire liés aux images, de sensibiliser à la diversité culturelle, de favoriser l’apprentissage des valeurs citoyennes et de lutter contre les discriminations.

Gageons qu’avec vous, militant·es engagé·es, nous aborderons ces sujets lors de cette édition des Rencontres nationales afin que l’éducation artistique et culturelle demeure une priorité gouvernementale.

 
Patrick Facchinetti
Délégué général de L’Archipel des lucioles – Réseau national d’éducation aux images