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Plateforme collaborative d’éducation aux images

Les Yeux verts

Les Yeux Verts est un pôle d'éducation aux images en Nouvelle-Aquitaine. Le territoire du Limousin est son périmètre d'intervention. Il travaille en coopération avec l'agence Alca, autre pôle en Nouvelle-Aquitaine. Il fait partie du réseau national des pôles qui en compte 16 en France.
Passeurs d'images a interviewé Olivier Bonenfant, coordinateur Passeurs d'images en Limousin et Olivier Gouéry, responsable des Yeux Verts et coordinateur École et cinéma en Corrèze, qui ont répondu à l'appel à projets "Le jour d'après" lancé par l'association Passeurs d'images.

OLIVIER BONENFANT
coordinateur Passeurs d'images en Limousin.

OLIVIER GOUÉRY
responsable - Les Yeux Verts et coordinateur École et cinéma en Corrèze

Question : Comment vous sentez-vous en cette rentrée particulière ?

Olivier Bonenfant : Cette rentrée est hésitante dans la continuité d’une année marquante. Hésitante car depuis le mois de juillet, nous avons eu le droit à une petite respiration créative qui a permis à la plupart des projets reportés de se réaliser. Hésitante car depuis quelques semaines, de nouveaux projets voient le jour pendant que d’autres sont reportés. Cette expérience collective est étonnante. Alors que la morosité est au cœur de toutes les conversations médiatiques, cette année a été l’occasion de donner naissance à de belles choses. Où que nous soyons, nous nous sommes adaptés, nous nous sommes réinventés au quotidien, c’est ce qui a été stimulant. De nouvelles pratiques artistiques ont vu le jour, de nouveaux outils sont nés, des collaborations novatrices ont émergé pour maintenir ouverte cette fenêtre culturelle et pour aborder avec plus de sérénité le jour d’après…

Olivier Gouéry : C'est une rentrée difficile, où nous devons faire preuve d'une grande capacité d'adaptation, plus encore qu'en temps normal. Il faut une bonne dose de philosophie pour accepter sans trop de frustration de reporter à on ne sait quand, les projets que nous préparons depuis des semaines. C'est surtout une rentrée difficile pour la culture en général, et celle en milieu scolaire en particulier.

 

Question : Vous avez répondu à l'appel à projets « Le jour d'après » lancé par la coordination nationale Passeurs d'images. La coordination Passeurs d'images en Limousin a démarré les ateliers avec les jeunes bénéficiant de l'accompagnement de la mission locale de Brive, comment cela s'est-il passé ? Rencontrez-vous des difficultés pour la mise en place de ces ateliers ? Quels sont, pour vous, les conséquences et impacts des ateliers sur les jeunes dans ce contexte ?

Olivier Bonenfant : Lors de la projection du corpus sériel, les sept jeunes de la mission locale de Brive ont identifié à l’unanimité une série sur laquelle ils aimeraient travailler. Ils ont donc uni leur créativité pour construire, pour imaginer le scénario de la suite de l’extrait présenté.
Jérôme Piot, l’intervenant, s’est appuyé sur la méthode P.O.E.M.E.S qu’il a développé, pour emmener les jeunes dans le monde de l’écriture. Ensemble, ils ont analysé l’histoire, exploré les interactions entre les différents personnages. Les expériences du confinement de chaque jeune ont nourri ce travail.

Si, le premier jour, les jeunes ont eu quelques difficultés à se lancer totalement dans cette expérience inédite, la dynamique, créée par l’intervenant, a permis de faire grandir motivation, ponctualité et enthousiasme jusqu’à la fin de l’atelier.

L’objectif de cet atelier était d’écrire une histoire et d’en faire une lecture face caméra. L’investissement et la cohésion du groupe ont permis de dépasser cet objectif. Les participants ont décidé de tourner les images de leur épisode. Au fur et à mesure de l’avancée de l’atelier, les jeunes se sont dévoilés, affirmés en reprenant confiance en leurs capacités à faire les choses. Ils ont pris conscience de leurs compétences. Ils se sont positionnés tantôt acteurs, cadreurs ou bien illustrateurs. Participer à une expérimentation nationale a été pour eux un déclic, une parenthèse très valorisante, qu’ils vont pouvoir utiliser pour dynamiser leurs démarches dans le cadre de leur projet professionnel.

L’intervenant a su prendre en compte les envies et les passions de chacun, des envies graphiques, des envies scénaristiques afin que chaque jeune trouve sa place dans la construction de l’épisode. Cette expérience a été pour lui l’occasion de renouer avec un public avec lequel il avait déjà travaillé auparavant et de susciter l’envie de poursuivre cette collaboration.

Ce projet a créé une véritable émulation au sein du pôle pour construire ensemble des passerelles entre les dispositifs scolaires et hors temps scolaires. Chaque membre de l’équipe a déployé beaucoup d’énergie dans la mobilisation des partenaires pour former des groupes de participants,  pour régler les problèmes logistiques, pour mobiliser les intervenants dans un laps de temps très court. La première phase s’est déroulée sans encombres. Le film est en cours de montage. Les conditions sanitaires ayant changé depuis le début du projet, nous réfléchissons sur les outils à mobiliser pour permettre à la restitution d’avoir lieu.

 

Question : La coordination Ecole et cinéma en Corrèze a-t-elle pu démarrer les ateliers avec les élèves de la classe de CM2, comment cela se déroule ? Quels sont, pour vous, les conséquences et impacts des ateliers sur les jeunes dans ce contexte ?

Olivier Gouéry : Ce projet demandait une réactivité forte, nous avons pu préparer en amont avec l'enseignant, bien avant la réponse positive de Passeurs d'Images, le déroulé des interventions prévues, et demander toutes les autorisations nécessaires auprès de l'inspection. Pour l'instant nous maintenons ce calendrier. Une première séance a eu lieu en classe lors de la première semaine après les vacances de la Toussaint, avec des élèves masqués. Ils avaient beaucoup de choses à dire sur l'expérience du premier confinement, avec des témoignages assez personnels.

Nous avions choisi avec l'enseignant deux extraits parmi le corpus (Le jour où la terre s'arrêta, et Le cheval venu de la mer) que nous avons montré deux fois aux élèves. Ils ont été très enthousiastes et spontanément imaginatifs. Ils auraient bien aimé voir la suite, mais on leur a dit que c'était à eux de l'inventer. La semaine prochaine la réalisatrice Emma Le Bail Deconchat viendra en classe les filmer, ce sera la deuxième étape.

Que la situation soit normale ou en temps de crise sanitaire, les enfants sont toujours très curieux de participer à un atelier.

C'est toujours un événement qu'une personne extérieure entre dans une classe pour venir parler de cinéma, plus encore de les inviter à participer à un film. Cela rompt le rythme habituel et dynamise les apprentissages. Dans la période que nous vivons, il est d'autant plus important que nous continuions à permettre qu'il y ait des rencontres entre les élèves et des artistes, pour apprendre à formaliser une expression. En regardant les extraits dans les conditions d'une salle de classe, cela montre aussi toute l'importance de la salle de cinéma pour apprécier un film.