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Plateforme collaborative d’éducation aux images

Dispositif Collège au cinéma

Le Tombeau des lucioles, vu par...

Nicolas Lenys
coordinateur cinéma Collège au cinéma - Cinéma Saint Leu

Nicolas Lenys coordinateur cinéma Collège au cinéma - Cinéma Saint Leu

Lucioles immortelles.

Isao Takahata fut, avec Hayao Miyazaki, l’autre binôme et maître fondateur des studios Ghibli.
Au titre d’auteur-producteur, le second a livré des oeuvres majeures du cinéma d’animation, aujourd’hui mondialement reconnues, souvent ancrées dans des univers empreints de culture et de mythologie nippones, telles Mon voisin Totoro, sorti en 1988.
La même année, Isao Takahata, quant à lui, se réclame d’un registre plus réaliste avec Le Tombeau des lucioles.

Inspiré de La tombe des lucioles, roman particulièrement autobiographique de Nosaka Akiyuki paru en 1967, rarement dessin animé avait côtoyé un tel niveau de réalisme documentaire et justifié avec autant de pertinence sa vocation en donnant vie à des personnages de crayons.
La rigueur de la mise en scène et le montage quasiment linéaire témoignent d’un cursus et d’un héritage littéraires certains. Takahata fait consister le degré d’authenticité des situations dans la pratique d’une animation fluide, d’une recherche de naturel et de simplicité dans la restitution des expressions de ses personnages : si la prise de vues réelles capture le mouvement et la vie, Takahata les crée.
C’est la véracité des situations qui suscite l’émotion : aucune orchestration lacrymale, aucun pathos inapproprié. La sensibilité du public n’est jamais prise en charge, car Seita, le jeune adolescent de frère, et Setsuko, sa petite soeur de quatre ans, demeurent toujours dignes dans le malheur et mus par une lueur d’espoir.

Et, au terme de la projection, lorsque certains spectateurs quittent la salle de cinéma la gorge nouée, force est de constater que Isao Takahata a sublimé les frontières du dessin animé et que Seita et Setsuko ont réellement péri à la fin du film.

On garde longtemps en mémoire Le Tombeau des lucioles, et cette petite fille et sa boîte de bonbons, image-objet imprimée sur la rétine comme l’est sur le palais la madeleine de Proust.