Aller au contenu principal

Plateforme collaborative d’éducation aux images

Dispositif École et cinéma

L'homme invisible vu par...

Myriam Mayet, conseillère pédagogique en arts visuels dans le Loiret (45)

L’Homme invisible de James Whale est réalisé en 1933, en plein âge d’or du cinéma fantastique aux États-Unis.

Dès la première scène du film, le réalisateur plante le décor, mystérieux et fantastique, avec l’apparition du personnage principal marchant péniblement sur une route sinueuse, en pleine tempête de neige. Le spectateur est immédiatement plongé dans une ambiance inquiétante. Et on n’est pas au bout de nos surprises ! James Whale va jouer ainsi avec nos émotions tout au long du film. On passe de l’angoisse au rire, de l’inquiétude à l’effroi (la scène du train en est un parfait exemple) en quelques secondes. Jack Griffin, le personnage principal, nous inspire des sentiments ambivalents. Il est à la fois effrayant parce que violent et maléfique mais aussi touchant parce qu’on ressent sa souffrance et sa profonde solitude.

Les effets spéciaux de John P. Fulton sont impressionnants, surtout pour l’époque : nous sommes en 1933. Les trouvailles sont plus ingénieuses les unes que les autres : Jack Griffin retirant ses bandelettes devant le miroir, la cigarette et l’allumette en « lévitation » nous révélant qu’il est en train de fumer, l’empreinte de son corps sur le coussin du rockingchair, les déplacements d’objets signalant ses déplacements, ses traces de pas dans la neige, etc. Pour le spectateur, quel que soit son âge, enfant comme adulte, cette thématique de l’invisibilité fascine. Que ferions-nous donc si nous avions ce pouvoir ? Qui ne s’est jamais posé cette question ? C’est une question qui pourra, qui devra être abordée avec les élèves. Il est d’ailleurs intéressant de voir que le personnage principal en fait un très mauvais usage, c’est le moins que l’on puisse dire... On pourra essayer de comprendre ce qui l’a poussé à devenir si cruel.

L’Homme invisible aborde avec virtuosité cette thématique du monstre, chère au cinéma et à la littérature de cette époque, que ce soit avec Frankenstein, King Kong, Dracula, Dr Jekyll et Mr Hyde… Mais bien souvent cette créature reflète la peur de l’autre et renvoie finalement chacun à sa propre humanité. Qui sont les plus monstrueux ? Celui qui brutalise la population ou ceux qui rejettent, dès son apparition, un étranger qui les dérange ? Voilà bien des thématiques qui ont toute leur place à l’école : le rejet de l’autre, le traitement de la différence, la solitude et l’isolement.

Enfin, ce film procurera bien des frissons aux enfants mais grâce à certains personnages, tournés en ridicule, notamment les policiers et la femme de l’aubergiste, le réalisateur permet de désamorcer un peu l’angoisse.