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Bienvenue à Gattaca d'Andrew Niccol vu par...

Santiaga Hidalgo, coordinatrice nationale hors temps scolaire à Passeurs d'images

Ce premier film d’Andrew Niccol, sorti en 1997 dans la presque indifférence du public et accueilli avec peu d’enthousiasme par la critique, a été par la suite reconnu comme un des films majeurs de science-fiction de la fin du XXème siècle. Question de temps encore, le film est sorti deux ans avant Matrix, apogée de cette époque où Hollywood se permettait encore de produire des films de genre aux messages combatifs.

Gattaca fait référence aux initiales des 4 composants qui forment l’ADN (Guanine, Adénosine, Thymine et Cytosine) et au monde « parfait » dans lequel le capital génétique est la base de l’organisation de la société. Le déterminisme poussé à l’extrême et les risques d’eugénisme sont autant d’alertes lancées par ce film sorti avant la conclusion du premier projet de séquençage du génome humain.

En ce qui concerne ses choix techniques et esthétiques, Bienvenue à Gattaca n’a pas pris (trop) de rides : la presque absence d’effets spéciaux et les choix de production font que le temps semble ne pas avoir passé sur le film deux décennies après. Son thème universel y contribue aussi : qu’est-ce qui nous fait humains ? qu'est-ce qui nous individualise et nous rend uniques ?

Thème habituel de films de science-fiction « métaphysiques » comme Blade Runner2001 l’Odyssée de l’espace, ou même InsterstellarBienvenue à Gattaca approche le sujet avec toute une autre proposition des genres : celle du cinéma noir. On y trouve des détectives privés en gabardine, et le choix d’Uma Thurman avec son air de femme fatale pour le rôle d’Irene contribue à une esthétique retro qui n'enlève rien du futurisme, même si sobre, de la proposition. Andrew Niccol jouera la carte du mélange poussé des genres, notamment du thriller et du cinéma noir, dans d’autres films de sa filmographie, comme son dernier Anon.

En plus d’être un film de (double) genre, Bienvenue à Gattaca est un film sur le dépassement de soi. Une de ces histoires chères à Hollywood sur des personnages qui avec l’effort arrivent là où la société et même la nature n’avaient pas de place pour eux. Dans les dernières scènes du film, nous laissons les personnages principaux avec leurs quêtes accomplies grâce à la collaboration entre leurs deux besoins, mais on se demande : en quoi cela a contribué au changement des déterminismes qui les avaient mis dans la case de départ ? est-ce que l’exemple d’un homme et son accomplissement personnel sont suffisants ? la lutte individuelle pour une cause doit-elle forcément se traduire par une lutte collective ? Que notre réponse soit différente à celle donnée par Niccol n’enlève rien à l’enthousiasme que ce film suscite en nous.