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Plateforme collaborative d’éducation aux images

Dispositif Collège au cinéma
Dispositif École et cinéma
Dispositif Maternelle au cinéma
Dispositif Passeurs d’images

Atelier n°1 (Nancy)

Les liens entre les artistes et les dispositifs

Comment associer l’ensemble de la filière professionnelle du cinéma dans les dispositifs en impliquant les collectivités ? Quelles plus-values pédagogiques et créatives ces rencontres artistes/publics peuvent-elles favoriser ? Comment accompagner cette démarche et l’essaimer à l’ensemble des temps et des lieux de vie de l’enfant, de l’adolescent ?

Référentes Passeurs d’images : Delphine LIZOT
Modérateurs de l’atelier : Léna Quelvennec et Laurent Bogen

Les modérateurs ont proposé aux participants de l’atelier de faire un tour de table et de se présenter en répondant à deux questions :

1.    Quelle est votre conception de l’éducation à l’image, en tenant compte de la problématique du lien avec l’artiste ?

2.    Quels sont les objectifs auxquels l’éducation à l’image peut répondre ?

Ensuite, les participants se sont divisés en petits groupes et ont travaillé sur des cas pratiques.

1. La création d’une résidence d’artiste

2. Le ciné-club

3. Le montage d’un atelier

SYNTHÈSES DES PRÉSENTATIONS
1. QUELLE EST VOTRE CONCEPTION DE L'ÉDUCATION À L'IMAGE, EN TENANT COMPTE DE LA PROBLÉMATIQUE DU LIEN AVEC L'ARTISTE ?

La notion de l’éducation à l’image a été abordée dans un sens large : éducation aux images, aux médias, au cinéma et même aux séries télévisées.
Il est important de penser cette éducation en tenant compte du parcours, en favorisant les liens entre les dispositifs, on constate une évolution de la réception quand les élèves suivent plusieurs années des dispositifs comme EEC, CAC ou LAAC.
L’éducation à l’image c’est créer des passerelles, de la surprise.
La démocratisation culturelle peut s’appuyer sur l’éducation aux images, sur une sensibilisation aux images.
L’éducation à l’image commence dès la petite enfance. L’image et le livre sont aussi des supports de sensibilisation. 
L’éducation à l’image permet de déployer un imaginaire.
L’éducation à l’image, c’est l’ouverture au monde, la compréhension du monde, grâce par exemple, dans les dispositifs scolaires à la possibilité de voir des films en VOST.
C’est un moyen éducatif, différent de l’enseignement traditionnel, d’avoir accès à des connaissances, de construire un regard critique.
C’est la rencontre avec une œuvre, avec les personnes qui partagent cette expérience.
L’éducation à l’image permet de faire voir, d’avoir un discours critique sur l’œuvre.
C’est la découverte de l’art cinématographique dans toute sa diversité. 
Ce processus de transmission peut intervenir à n’importe quel âge et pour tout public (pas forcément en temps scolaire).
En résumé, c’est une fenêtre ouverte sur le monde.
 

2. QUELS SONT LES OBJECTIFS AUXQUELS L’ÉDUCATION À L’IMAGE PEUT RÉPONDRE ?

L’éducation à l’image permet d’éveiller les esprits, de devenir plus curieux, de développer le sens critique, de donner des clés de compréhension.
Elle permet de prendre du recul sur le flux des images. 
La présence d’artiste dans les projets permet de démythifier la figure de l’artiste, elle favorise la découverte de ce qu’est la création artistique, elle peut éventuellement éveiller des vocations artistiques, mais cela ne peut être l’objectif premier d’un projet.
L’un des objectifs est aussi en effet l’accompagnement des jeunes et la découverte des filières professionnelles.
Un autre objectif est de savoir comment on construit des images, créer une culture commune, faire réfléchir, approfondir des contenus.
C’est une éducation artistique qui permet d’échanger autour des films, l’expérience collective de voir un film en salle de cinéma, ce n’est pas comme regarder un film sur un petit écran.
Un des enjeux consiste donc aussi à favoriser l’éducation du spectateur, prendre du plaisir, inciter les jeunes à être confrontés à des images qu’ils n’ont pas l’habitude de voir.
On note aussi l’enjeu de la construction de l’être humain en lui offrant des clés de compréhension du cinéma, et à travers le cinéma, d’une meilleure compréhension du monde, de la place que chacun peut occuper dans la société.
Dans le cadre des politiques publiques, l’éducation à l’image est un moyen de réinsertion, de resocialisation.
L’éducation à l’image permet d’ouvrir des portes sur des œuvres inattendues. Notions de plaisir, de construction de la personne à travers des œuvres d’art, de faire comprendre aux jeunes que les artistes ont une intention dans leur démarche créative.

SYNTHÈSES DES ATELIERS
1. LA CRÉATION D’UNE RÉSIDENCE D’ARTISTE

La question qu’il faut se poser au préalable est d’où part le désir de ce projet ? Est-ce la volonté d’un enseignant ? Est-ce limité au cadre scolaire ? 
D’une façon générale, comment les enseignants peuvent-ils mieux être informés et conseillés pour le montage d’un tel projet ?
Se posent vite les questions des moyens horaires et financiers, de la durée, de la fréquence des interventions, du rayonnement à l’intérieur de l’établissement et en dehors.
La question des lieux se pose : où la résidence peut-elle se dérouler ?

L’idéal serait de créer un lien avec l’extérieur de l’établissement.
Comment travailler aussi la valorisation de la résidence. Il ne faudrait pas négliger la question du partenariat avec une salle de cinéma, notamment s’il est prévu une restitution de la résidence.

Il ne faut pas oublier de se poser les bonnes questions dès l’origine du projet : pourquoi une résidence d’artiste ? Pourquoi faire appel à un artiste ? Pour produire quelque chose, pour favoriser une ouverture sur les métiers de cinéma, une ouverture sur un monde professionnel aussi pour les enseignants.
Faire appel à un artiste, c’est aussi se connecter à une vision, à un point de vue, c’est enrichissant à plusieurs niveaux. C’est permettre au public visé de déployer un imaginaire, un langage artistique à part entière.

Quel profil d’artiste ? Tous ne peuvent pas intervenir devant des jeunes. 
Ne faudrait-il pas prévoir un module de formation à destination des artistes qui encadrent des jeunes et des élèves ?
Les écoles d’art ont par exemple mis en place pour certaine une formation diplômante pour les artistes intervenants, par exemple la Haute école des arts du Rhin (HEAR), qui a mis en place un CFPI (centre de formation des plasticiens intervenants), accessible aux étudiants déjà diplômés. Ce type de formation pourrait être interdisciplinaire, ou au contraire dédiée à l’éducation à l’image.

Les attentes de chaque partenaire ne sont pas forcément les mêmes, c’est pourquoi il faut être dans un travail partenarial, être à l’écoute de tous les partenaires.

On arrive à trouver les moyens si on converge vers les mêmes objectifs.

Il n’existe pas de résidence d’artiste modélisée.

2. LE CINÉ-CLUB

Le public visé serait celui d’un collège ou d’un lycée. Il faut commencer par trouver un chef d’établissement convaincu, et pouvoir s’appuyer sur un professeur moteur.
Le ciné-club aurait lieu dans une salle de cinéma, sur grand écran, il faut qu’il y ait une sortie culturelle à la clé.
Un déplacement en car est compliqué financièrement, donc il est préférable de faire appel à un circuit itinérant pour le secteur rural, ou alors rester en cœur de ville.
Il faut prévoir l’intervention d’un professionnel.
Qui programme ? qui présente les films ? 
Le partenariat peut s’opérer avec une salle d’art et essai qui explique ce qu’est une salle de cinéma et qui programme des films art et essai.
Nuancer entre les goûts des jeunes et les classiques.
Question du financement ? Prévoir un accès à la salle avec une tarification spéciale ?
Il faut des personnes relais pour construire le projet.
Il faut pouvoir s’appuyer sur un catalogue de films en fonction des thématiques. Il faudrait un organisme de référence pour créer un corpus, l’Agence du court métrage par exemple fait déjà cela pour le court-métrage.
C’est important d’ouvrir au tout public si les séances ont lieu en dehors du temps scolaire.
La place de l’artiste dans ce projet de ciné-club ? Il apporte son univers, participe à la programmation. Exemple du documentaire réalisé à partir de cette expérience de ciné-club.

3. LE MONTAGE D’UN ATELIER

Cet atelier viendrait en complément d’un dispositif éducation à l’image, atelier en présence d’un artiste.
Le montage pourrait se faire grâce à un pôle image comme Image’Est.
Il faudrait pouvoir créer des passerelles entre le temps scolaire et le hors temps scolaire. 
Proposition de contenu : créer un film suédé. Cela permet une approche pratique, mais qui permet en même temps de ne pas s’arrêter aux contraintes techniques, en partant des références des jeunes.

Les différentes étapes du projet :
Définir les partenaires, les moyens financiers.
Cibler les enseignants. 
Faire un film suédé avec un sous-titrage.
Engagement des élèves : pour le hors temps scolaire, les élèves doivent s’engager à y participer aussi.

Restitution avec une remise de prix.
La présence d’un artiste offre une évidente valeur ajoutée. Elle permet d’avoir un point de vue, et ouvre sur un imaginaire. Il ne faut pas que ce soit purement technique. 
Faire appel à un artiste local pour qu’il puisse se faire connaître du réseau.

Problématique liée au hors temps scolaire : (pouvoir) tourner dans la rue, restitution dans une salle de cinéma avec le tout public.
Il existe un cadre juridique et un droit à l’image. Les pôles images peuvent aider sur ces aspects.
 

Conclusion

On n’a pas beaucoup parlé des émotions. Il faut favoriser le partage, l’expérience collective, mais l’on peut aussi favoriser le travail sur soi.
La rémunération des artistes est un point sensible, souvent il s’agit d’intermittents du spectacle. Est-ce qu’on pourrait travailler sur ce statut de l’artiste qui intervient dans ce cadre pour qu’il puisse travailler dignement ?
Il faudrait que ce temps de travail puisse idéalement être comptabilisé dans le cadre de l’intermittence. 
Il faudrait qu’il y ait un consensus sur la rémunération de l’artiste. 
Le statut précaire de l’artiste intervenant doit être considéré.

Conclusion de Laurent Bogen :
Je ré insisterais pour ma part sur l’importance de clarifier/expliciter les attentes de chacun (ou sous-objectifs d’un projet = travail sur l’estime de soi ; sur la relation à l’autre, permettant un mieux vivre ensemble; sur la valorisation des participants et de leurs propres références culturelles, permettant l’implication et la motivation de chacun ; sur l’acquisition de connaissances des codes et le langage du cinéma, permettant le recul critique) …
qu’il soit associatif, coordinateur de projets, institutionnel (collectivité territorial) ou artiste / intervenant, de façon à montrer que chacun poursuit in fine les mêmes objectifs (ou plutôt les mêmes finalités = l’accès à la citoyenneté, l’ouverture culturelle, le développement des liens sociaux et le progrès individuel) et donc de favoriser les partenariats.

Léna Quelvennec : Personnellement je trouve très important que le statut précaire des intervenants apparaisse en conclusion car ils restent la clé de voute de tout projet. S’ils n’y trouvent plus leur compte, cela sera plus difficile de faire notre travail. Après, les points que soulèvent Laurent sont aussi importants, car effectivement il faut souvent que les différents acteurs apprennent à mieux communiquer leur besoin et leurs attentes. J’ai déjà été confrontée sur le terrain à des malentendus qui ont mis à mal un projet alors qu’une fois que l’on prenait le temps de vraiment discuter cela pouvait très rapidement s’apaiser. Je pense que cela fait partie des missions de tous coordinateurs (que cela soit d’un pôle, d’un dispositif ou d’une structure culturelle qui met en place un projet…). Il faut pouvoir parler le langage de chacune des parties concernées.