Atelier - Les studios Pop-hop

Restitution

Le journal de bord d’Antoine Scalogna, étudiant en Master 2 Didactique de l’image, création d’outils pédagogiques et art de la transmission à la Sorbonne Nouvelle. 

« L’an dernier, avec les copains, on a eu une super idée de film »

Cela remonte à plus loin que l’an dernier mais Léa Enjalbert a eu, elle aussi, une super idée de film. De films, même, ou plutôt d'outils pour en faire. Réalisatrice de films d’animation, spécialiste du papier découpé, Léa a créé les Studios Pop-Hop au sein du FAR (Filmer l’Air de Rien), collectif centré sur l’éducation à l’image, en partenariat avec Sauve qui peut le court métrage et la DRAC Auvergne- Rhône-Alpes. Ce matin du jeudi 17 novembre, nous la retrouvons dans l’ancienne imprimerie qu’occupe désormais La Jetée, un bel espace facilement aménageable pour recevoir la quinzaine de participantes et participants que nous sommes, paré.es à découvrir dans la bonne humeur cet atelier, l’une de ses créatrices et, par extension, une manière de partager le cinéma.

« Il y a de ces coïncidences, dans la vie »

Les Studios Pop-Hop trouvent leurs origines dans un premier projet appelé les « valises animées ». L’objectif ? Avoir un studio facilement transportable pour étoffer les possibilités de production en atelier d’animation et, par la même occasion, emmagasiner du vocabulaire de réalisation. Dans chaque valise se trouvait un décor, auquel était rattaché une valeur de plan – une valise sur roulettes était dédiée aux travellings.  L’animation en stop motion était déjà au centre de l’expérience : par groupe, les enfants devaient réaliser une action donnée avec un nombre de plans précis, en utilisant un appareil photo compact. Si les valises animées ont rencontré un joli succès, Léa estime que l’outil présentait de nombreuses limites : l’histoire restait simpliste, la postproduction et le montage devaient être réalisés hors séance, la sonorisation s’avérait compliquée et le transport des valises, dont le nombre a pu atteindre la dizaine, n’était pas des plus pratiques. Avec tout cela en tête, Léa et ses associé.es se sont mis au travail sur une nouvelle version de l’atelier qui allait devenir les Studios Pop-Hop.

« Faire faire du breakdance à la tortue »

Fini les dix valises, désormais, tout l’atelier doit tenir dans une seule d’entre elles. C’est au cours d’une résidence de création que les Studios Pop-Hop vont trouver leur forme actuelle : les scènes sont construites dans des encyclopédies assez épaisses pour contenir plusieurs éléments de décor, fixes et mobiles. Comme précédemment, chaque encyclopédie est liée à une valeur de plan, mais avec ses languettes et autres pièces aimantées, la dimension livre pop-up permet plus de variété dans la personnalisation des scènes. La prise de photos passe maintenant par l’utilisation de tablettes tactiles et l’application Stop Motion (disponible sur iOS), laquelle permet un montage en direct. Il aura fallu environ 8 mois à Léa et ses associé.es pour produire l’outil, en comptant la création d’un film annonce et de cartes postales pour sa promotion, avant de le proposer aux jeunes participants et participantes.

« Il se lève, le Soleil, on est d’accord ? »

Pensé pour les enfants de 6 à 12 ans, l’atelier leur permet d’expérimenter la réalisation d’un film à plusieurs. Les groupes accueillis pouvant aller jusqu’à une trentaine d’élèves, il faut s’organiser par duo ou trio afin de réaliser l’ensemble des scènes nécessaires à l’avancée de l’intrigue, ceci à l’aide de cartes consignes (sur lesquelles apparaissent le nombre d’images requis, les outils à disposition…). Inspiré de contes latino-américains, La Isla mysteriosa prend place à Monteperesoso. Intrigués par l’île qui semble être apparue au large de la ville, Pichi et Mailen profitent de leurs vacances pour s’y aventurer. Sur place, ils font la connaissance d’étranges animaux alors que se profile une soirée à laquelle ils tentent de participer. Au lancement de l’atelier, la trame narrative était influencée par les envies des participants et participantes mais devant le défi d’organisation et les contraintes horaires avec lesquelles il faut jongler (un atelier dure généralement 2h, bien qu’il existe également une formule réduite à 1h), l’implication sur le scénario a été concentrée sur un choix prenant place peu avant la fin de l’histoire. Le montage général, lui, a lieu en dehors de l’atelier, avant que le résultat final ne soit envoyé par mail.

Si l’atelier est destiné à des enfants et des préados (soulevant, en passant, la question de la fragilité du matériel : le premier set fabriqué a survécu à environ 300 ateliers), un autre atelier à destination des lycéens et des adultes a été produit. Puisant son inspiration dans le film noir, il laisse un peu plus de liberté dans la conception du storyboard et a la possibilité de se voir adjoindre une extension destinée au montage image/son, avec l’intégration de sons, de musiques et de dialogues.

« – Plonge dans ton rôle ! – Je suis Perroquet ! »

Est venu le temps, pour tout le beau monde présent à La Jetée, de passer à la pratique. Léa finit d’installer les encyclopédies, d’allumer les tablettes tactiles et voici que toutes et tous se prêtent à un mini jeu de rôle dans lequel Léa mène l’atelier comme elle le ferait en conditions réelles. Les « Ooooh » et les « Aaaah » se suivent et ne se ressemblent pas, au fil de de la découverte des petites scènes, dont certaines cachent de chouettes secrets. Les personnages et objets, finement découpés, sont évidemment adorables à observer, et l’envie de fouiller prend vite le dessus. Les groupes se font et se défont au fur et à mesure des captures, on découvre les fonctionnalités de l’application utilisée et Léa est assaillie de questions. Les tasses de café circulent, de préférence loin du précieux papier cartonné, et chacun y va de son expérience de précédents ateliers de stop motion.
 

L’heure défile et, bientôt, vient la fin de cette rencontre. Alors que les contacts s’échangent et que les écharpes s’enroulent, nous laissons le soin à Léa de ranger ce tournage de poche dans sa valise. On découvre ensemble de nouveaux exemples de travaux réalisés par Léa, qui peuvent donner lieu à d’autres formes d’interventions en classe. De suite, les esprits pétillent, avant de partir sous les bourrasques qui soufflent dans les rues de Clermont.
 

Intervenante

Léa Enjalbert : Réalisatrice de films d'animation spécialisée en animation en papier découpé et stop motion.

Diplômée en cinéma d'animation, elle travaille principalement en tant que réalisatrice où décoratrice/accessoiriste sur des films en volume où en papier découpé. Elle développe également des outils pédagogiques d'éducation à l'image, anime des ateliers, encadre des étudiants et forme des enseignants sur la pratique de l'animation en volume. Avec Florine Paulius elles ont créé en 2021 le Studio Cabriole.
 

Les tarifs :

• Atelier Studios Pop-Hop La isla (primaire-collège) = 250€ les 2h
• Atelier Studios Pop-Hop Film noir (lycée-adultes) = 300€ les 3h 
• Un exemplaire des Studios Pop-Hop La isla misteriosa rien que pour vous = 5500€

Cet exemplaire comprend : 

• 9 décors
• 9 supports pour les décors + pinces 
• 1 valise de transport
• 2 jeux de personnages / objets 
• 1 kit d’entretien 
• 1 jeu de cartes « plans » + fiches techniques 
• 1 plan de tournage + éléments aimantés
• Fichiers numériques (cartes, fiches techniques, plan de tournage, éléments de communication)
• Une journée complète de formation 

Non inclus : 

• Tablettes 
• Supports de tablettes 
• Matériel de montage