Programmation et autocensure #2

Replay

Contexte

Pendant les Rencontres nationales 2022 à Clermont-Ferrand, nous partions du constat que certains films des catalogues des dispositifs nationaux d’éducation au cinéma n’étaient plus - ou très rarement – programmés. Nous avions alors interrogé les réticences des différent·e·s acteur·rices de ces dispositifs, du comité de choix de films au cadre familial, à travers une approche à la fois historique et sociologique. Un an après, force est de constater que ces problématiques de programmation et d’autocensure demeurent !

Cette année, nous souhaitions prolonger ce temps de réflexion en dépassant les constats pour chercher ensemble des solutions : quels sont les points de crispation ? Comment les dénouer ? Il s’agissait notamment de réinterroger la responsabilité que nous portons en tant qu’adultes et acteurs de l’éducation aux images face aux enfants, mais également l’importance de montrer certains films et de ne pas écarter des sujets difficiles.

Restitution

Ce temps a débuté par une courte conférence rappelant brièvement les liens historiques entre cinéma et (auto)censure, et s'appuyant ensuite sur un cas pratique : les réticences et crispations rencontrées durant l'année scolaire 2022-2023 autour du programme de courts métrages Lumineuses (Collège au cinéma). 

Pour introduire la question de l’autocensure dans les dispositifs nationaux d’éducation au cinéma, et identifier les sujets qui suscitent le plus de réticences et de crispations, un quizz a été proposé à la salle : à partir de plusieurs affiches de films issus des catalogues des dispositifs Maternelle au cinéma, École et cinéma et Collège au cinéma, les participant.es devaient retrouver le point commun (et source de crispations) qui rassemblait ces films (la nudité, la violence, la maladie, la mort/le deuil, la maltraitance…).

Ce quizz a été construit collectivement par les 4 intervenantes de cette table ronde, en s’appuyant sur les réponses à un questionnaire envoyé aux coordinations en amont des Rencontres. Celui-ci avait pour objectif de recueillir leurs expériences et témoignages concernant des problèmes rencontrés autour de la programmation des films. 

Ce moment ludique a permis d’impliquer les participant.es en les invitant à prendre la parole librement pour partager leurs expériences et les solutions mises en place à l’échelle départementale. Ainsi, toute la table ronde s’est construite autour d’un échange à la fois dynamique et très libre avec la salle. En s’appuyant sur ces différentes prises de parole, les intervenantes ont pu apporter des éclairages et des pistes de solutions à ces problématiques. La présence de Patricia Garouste, psychologue de l’Éducation nationale (AFPEN), a notamment permis de rappeler l’importance de la pédagogie, de l’accompagnement des films et de la formation des enseignants, conditions indispensables pour aborder tous sujets sensibles avec les enfants et les adolescents, sans aucun tabou. Elle a également rappelé le rôle et la responsabilité des enseignants, et plus largement des adultes, dans la construction et le développement des enfants, tout en proposant des pistes pour dépasser les questions d’autocensure.

Intervenantes

Mélanie Boissonneau (modératrice)
Enseignante-chercheuse en cinéma et audiovisuel à l’Université de La Sorbonne Nouvelle, co-responsable du parcours « Didactique de l’image : création d’outils pédagogiques et art de la transmission » du Master Cinéma et audiovisuel et intervenante régulière pour les dispositifs d’éducation à l’image.

Blandine Beauvy
Coordinatrice des actions en milieu scolaire pour le réseau Ciné32 dans le Gers / Dispositifs "Ecole et cinéma", "Collège au cinéma" et opération départementale "Un film pour tous" (maternelle et élémentaire).

Emmanuelle Chevalier
Gérante et co-fondatrice de la société de distribution de films jeune public Les Films du préau.

Patricia Garouste
Psychologue de l’Éducation nationale, membre de l’AFPEN (Association Française des Psychologues de l’Éducation nationale).