L'évaluation du projet expérimental Séries en images est en ligne : l'occasion de (re)découvrir les actions qui ont été déployées auprès des publics, sur les territoires, tout en ayant un regard analytique sur les effets produits par les ateliers ainsi que sur les plus-values pédagogiques, les possibilités de médiation apportées par le médium sériel.
Cette évaluation a bénéficié des conseils de Félix Dupin Meynard, chercheur en science politique au CEPEL (CNRS-Université de Montpellier).
La journée de restitution et de valorisation du projet expérimental Séries en images se tiendra le 15 octobre 2020 à laBnF(Bibliothèque François Mitterrand), en partenariat avec la BnF et le festival Série, series.
La journée sera l’occasion de découvrir les productions sérielles réalisées par les jeunes pendant les ateliers, participer à des échanges et des discussions autour des séries, de leurs possibilités créatives et pédagogiques, tout en rencontrant des artistes et des professionnel·les travaillant sur ces questions.
L'association Passeurs d'images et la BnF ont engagé un partenariat, qui vise à mieux faire connaître les ressources qu'offrent les collections audiovisuelles de la BnF pour l'éducation aux images. L'après-midi de restitution permettra de découvrir la constitution à la BnF d'un patrimoine des séries, largement ouvert sur l'histoire longue et la diversité du format sériel.
L’association Passeurs d’images a également engagé un partenariat avec le festival Série, series : l’expertise de Série, series sur le monde professionnel de ce secteur de création et de production ainsi que les expériences de terrain du réseau Passeurs d’images sur les séries comme médiums d’éducation aux images, se croiseront au sein d’un même événement afin de déployer une réflexion complète sur les séries et leurs possibles pédagogiques et créatifs dans des situations de transmission.
La genèse du projet expérimental interrégional Passeurs d’images, Séries en images, prend forme dans le constat, partagé par l’ensemble des professionnel·les de l’éducation aux images, que les publics jeunes fréquentent de moins en moins les salles de cinéma, lesquelles ont pourtant été longtemps le pivot et le fondement d’un apprentissage culturel et citoyen.
Le réseau Passeurs d’images, constitué des coordinations régionales du dispositif, des partenaires institutionnels et de la coordination nationale, a fait le choix dès fin 2018 de mettre l’accent sur les séries dans leurs propositions pédagogiques et artistiques, auprès des publics cibles du dispositif éponyme.
En effet, 200.5 millions de spectateur·rices français·es sont allé·es au cinéma en 2018, selon les chiffres du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Ce résultat marque une baisse de 4,25 % par rapport à l’année 2017. Il apparaît ainsi que les intérêts et les pratiques culturelles des publics, notamment les publics jeunes, sont souvent ailleurs : sur les réseaux sociaux, sur les plateformes numériques diffusant des contenus audiovisuels, tant amateurs que professionnels (YouTube, Netflix, ou encore Instagram, Facebook, Snapchat, etc.).
La démultiplication des nouveaux formats et supports audiovisuels offre de nouvelles perspectives et de nouveaux possibles en termes de création, de partage, de narration, de communication, de diffusion et de visionnage.
Il s’agit pour les acteur·rices de l’éducation aux images, et notamment les lieux de diffusion, de médiation et d’animation, de réinventer tant leur place que leurs modalités d’action, afin de parvenir à aller à la rencontre d’un public, prioritairement jeune et adolescent, qui déploie des pratiques diverses et qui reconfigure en permanence ses usages et ses codes, en se basant sur la forme et le contenu des outils qu’il pratique au quotidien.
Face à cet état des lieux, il semble nécessaire de pouvoir proposer et mettre en avant des thématiques fortes et actuelles qui traversent nos sociétés ainsi que le quotidien et les pratiques des publics cibles.
De ce fait, il est important de défricher les territoires de pensée et d’action associés à la création sérielle, en formulant les enjeux pédagogiques spécifiques liés à l’étude et à la pratique de cette forme, afin de voir comment cet objet peut être investi comme médium d’éducation aux images, comme médium de l’éducation artistique et culturelle.
Cette expérimentation autour des séries et de leurs possibles pédagogiques et artistiques permet donc de penser ce médium comme un support de médiation et de travail afin d’accompagner les publics dans leur pratique spectatorielle (visionnage et analyse) et créative des séries (écriture et/ou réalisation), à travers le prisme de la professionnalisation.
Ainsi, quatre coordinations régionales du dispositif Passeurs d’images ont été soutenues en 2019. L’ACAP (coordination Passeurs d’images Hauts-de-France, versant sud), Arcadi (coordination Passeurs d’images Ile-de-France 1), Ciclic (coordination Passeurs d’images en Centre-Val-de-Loire) et l’UFFEJ Bretagne (coordination Passeurs d’images Bretagne) ont donc mené des actions expérimentales et innovantes en lien avec l’éducation aux images et les séries, afin de tester différentes formules d’ateliers pédagogiques et artistiques auprès de leurs publics, tout en inventant de nouveaux modes opératoires et de nouvelles ressources, de nouveaux outils de médiation.
1- La mission de coordination Passeurs d’images pour la région Ile-de-France est portée par l’association Passeurs d’images depuis aout 2019.
En bref
ENJEUX PRINCIPAUX
- Inciter et soutenir l’ouverture des publics cibles, à partir de leurs propres pratiques sérielles et codes culturels, à des outils et ressources pédago-ludiques qui leur permettront de mieux appréhender, comprendre et analyser les séries et les contenus audiovisuels en général ;
- Rendre possible le développement d’une conscience critique individuelle par des étapes de visionnage d’extraits de série, de modules analytiques et de temps de débat ;
- Contribuer à la cohésion, la mixité sociale et à l’échange citoyen à travers la dynamique de groupe, d’interaction et de création collaborative qui se déploie dans les actions proposées aux publics ;
- Proposer des actions et des ateliers qui s’articulent dans une logique de parcours, incluant et mettant en rapport le Voir (diffusion) et le Faire (pratique - technique) et qui permettent de comprendre les modes de fabrication et de pensée d’une série, qui se différencient de ceux du cinéma ou de la création audiovisuelle en général ;
- Mettre en place des actions bénéficiant d’un accompagnement et de l’expertise de professionnel·les de l’image et de la médiation, d’artistes, afin de faciliter l’initiation à l’univers professionnel des séries, ainsi que la rencontre entre professionnel·les et publics amateurs ;
- Mobiliser des acteur·rices d’horizons à la fois divers et complémentaires (partenaires culturels, artistiques, sociaux, partenaires du champ éducatif, du champ de la médiation, etc.) pour mailler les professionnel·les et les structures impliquées et ainsi renforcer, pérenniser les actions déployées au bénéfice des publics ;
- Imaginer de nouvelles formes de médiation, adaptées aux séries.
OBJECTIFS COMMUNS
- Renouveler les propositions pédagogiques en lien avec l’éducation aux images et ainsi développer les publics et les porteurs de projets touchés, mobilisés par les actions Passeurs d’images ;
- Favoriser la cinéphilie et la fréquentation des équipements culturels et salles de cinéma de proximité chez les participant·es ;
- Encourager la mobilisation et l’investissement des participant·es tout au long de l’action ;
- Accroître la collaboration, l’esprit d’équipe et la dynamique de groupe chez les participant·es ;
- Distancier les participant·es et leur permettre de prendre du recul vis-à-vis de contenus audiovisuels, de séries, qu’elles·ils regardent régulièrement et qui sont partie intégrante de leur socle de références, de leur culture commune ;
- Soutenir la rencontre entre des artistes et des publics, des œuvres et des publics, et déployer connaissances et compétences chez les participant·es par le biais de cette médiation et de la pratique ;
- Faire émerger des vocations professionnelles audiovisuelles (écriture scénaristique, réalisation, médiation, animation, production, etc.) chez les participant·es aux actions.
Les actions expérimentales
En Bretagne...
Initiation aux séries par le jeu, l’écriture et l’exercice du pitch vidéo Action proposée et portée au niveau régional par l’UFFEJ Bretagne – entre avril et novembre 2019
La coordination Passeurs d’images bretonne a décidé de mettre en place un atelier itinérant d’écriture scénaristique appliqué aux séries, sur les quatre départements qui composent la région. Le même format d’atelier a donc été déployé et testé dans quatre villes différentes, auprès de quatre groupes de jeunes différents, le tout reparti dans les quatre départements concernés (Côtes d’Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan).
L’action testée s’est proposée de placer les groupes de jeunes en situation professionnelle d’écriture, à la manière des writing-rooms, des workshops d’écriture qui sont organisés dans les chaines de production et de création de la filière audiovisuelle sérielle, afin de construire les intrigues et scenarii des programmes conçus.
A la manière d’un showrunner (1) , l’intervenant artistique associé au projet et aux quatre ateliers d’écriture, Christophe Lemoine, a accompagné et guidé les participant·es dans le déploiement et l’organisation de leurs idées discursives et narratives, ainsi que dans le travail autour des personnages et de leurs spécificités (définition pour chaque personnage imaginé pour la saison : profil physique, attitudes, personnalité et traits de caractère principaux, histoire passée, buts et enjeux vis-à-vis de l’intrigue de la série, etc.).
Il a ainsi amené les groupes à réfléchir et imaginer collectivement les arcs narratifs, l’intrigue et la caractérisation des personnages de la première saison d’une série fictive/imaginée, d’une série dont ils·elles aimeraient être les spectateur·rices.
Les ateliers (se répartissant selon les groupes entre deux et trois jours de travail) débutaient toujours par un temps pédago-ludique d’échanges entre les participant·es et l’artiste, par le biais du jeu de plateau développé par l’UFFEJ Mais qui a tué Sheldon Cooper ? Cet outil ludique propose de faire découvrir l’univers des séries. Inspiré par le principe du Cluedo, ce jeu met en place au début de la partie un meurtre à résoudre, celui de Sheldon Cooper. Il s’agit pour les joueur·euses de retrouver le coupable et le mobile. L’évolution du pion sur le plateau de jeu est rythmée par le lancer de dé, des cartes à piocher et des indices donnés par le maître du jeu. Le jeu est par ailleurs une manière conviviale et chaleureuse d’échanger avec autrui autour de l’univers des séries, ses pratiques culturelles personnelles, ainsi que d’aborder les notions techniques propres aux objets audiovisuels sériels.
Après cette première initiation par le jeu, ce dialogue préliminaire entre tou·tes les participant·es à l’atelier sur les goûts et leurs rapports aux séries les amènent à imaginer la première saison de leur propre série, en se basant sur un format de brainstorming, fondé sur l’oralité du récit et la parole, afin de ne freiner d’aucune manière l’inventivité et la créativité des jeunes participant·es.
A travers un travail sur l’intrigue, les arcs narratifs, les personnages, les jeunes, accompagné·es dans leur démarche créative par l’artiste, ont pu chacun·e formuler et concevoir la première saison d’une série.
L’artiste se proposait de faire la retranscription écrite des idées qu’apportait chaque jeune, afin de ne pas les figer dans des contraintes rédactionnelles. A l’issue de l’atelier, l’artiste remaniait le document afin de le mettre au propre et de le rendre lisible, puis l’envoyait aux participant·es.
Les quatre projets de séries émanant de cette action expérimentale vont certainement faire l’objet d’un dépôt à la SACD, afin que les idées originales déclinées dans les textes soient protégées.
Sur certains ateliers et quand le temps le permettait, les jeunes se sont aussi essayé·es à l’exercice du pitch vidéo – comme s’ils·elles devaient raconter et envoyer leur projet de série à une société de production afin de trouver des financements au projet pour qu’il se réalise.
Ces ateliers, en étant organisés sur le terrain avec des porteurs de projets à la fois sociaux (MJC, etc.) et culturels (salles de cinéma), ont aussi permis de mailler les structures sur les territoires et de proposer des actions permettant à toutes les parties associées de défendre différents enjeux : l’ouverture vers des lieux de diffusion culturelle pour des structures du champ social et la fréquentation de nouveaux publics, l’émergence de nouveaux partenariats pour les lieux de médiation artistique.
Ainsi, ces ateliers d’écriture ont permis d’explorer de nouvelles formes de pratiques autour des séries, qui sont peu exploitées en atelier d’écriture, et a favorisé la rencontre entre jeunes et artistes en région.
Ce projet s’est aussi attaché à mettre en valeur les compétences et productions des jeunes, à s'intéresser à leur culture, leurs pratiques et modes de communication, tout en accompagnant leur prise de recul sur leurs rapports avec les séries par le biais de la création, de l’imagination et de l’échange.
Enfin, cette expérience a aussi contribué aux questionnements actuels des salles de cinéma : quelle place des jeunes dans les salles de cinéma aujourd'hui, quels contenus et quelles pratiques pour la salle de cinéma de demain ?
Formation La mise en place de ces ateliers a été précédée par l’organisation d’une journée de formation régionale d’éducation aux images le 24 mai 2019 à La Balise (Lorient). Elle a pris place dans le cadre du festival de cinéma Le Joli Mai organisé du 22 au 26 mai à Lorient par l’association J’ai vu un documentaire, soutenue au titre du dispositif Passeurs d’images en Bretagne.
Différentes projections et animations, en lien notamment avec des actions menées avec des publics des quartiers, ont été proposées. Une conférence sur « le cinéma, jeu vidéo, séries : éduquer à l’image à l’ère numérique » a été donnée par Mehdi Derfoufi, enseignant-chercheur en cinéma et jeu vidéo, membre de l’OMNSH (Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines) et chercheur associé à l’IRCAV (institut de Recherche sur le Cinéma et l’Audiovisuel, Paris 3 Sorbonne-Nouvelle).
Cette conférence a proposé un ensemble de réflexions sur le rôle des salles et sur les enjeux de l’éducation à l’image à l’ère numérique. Faut-il s'inquiéter de la place prise par les séries télévisées et les jeux vidéo ? Pourquoi le cinéma devrait-il primer ? L’intervenant est revenu sur les notions établies d'auteur, de création artistique et d’œuvre et a dégagé quelques pistes à partir de l'enjeu des pratiques des publics.
Projets de séries imaginés pendant les quatre ateliers :
- Série imaginée à Douarnenez : Entre deux eaux (projet écrit).
- Série imaginée à Fougères : Latica (projet écrit + pitchs vidéo)
- Série imaginée à Loudéac : L’écho du bahut (projet écrit + pitchs vidéo)
- Série imaginée à Lanester :Corps et âmes (projet écrit)
--------- (1) Un·e showrunner·euse est responsable de l’idée d’une série jusqu’à sa création. Une fois la série validée, le·la showrunner·euse doit s’assurer du bon fonctionnement d’un scénario pour chaque épisode, tout au long de sa réalisation.
Une série d’ateliers autour des séries Action proposée et portée au niveau régional par Ciclic – entre avril 2019 et janvier 2020
Les actions expérimentales menées en région Centre-Val de Loire ont pris la forme d’un parcours de rencontres et d’ateliers de sensibilisation autour des séries, principalement à destination d’un public d’adolescent·es. Les ateliers ont été menés en partenariat avec deux structures locales : l’Elan Coluche de Château-Renault (Indre-et-Loire) et l’Accueil de jeunes de Cœur de Brenne (Indre).
Les enfants de l'Accueil de Jeunes de Cœur de Brenne (Indre) se sont prêtés au jeu du détournement lors d’un atelier animé par le réalisateur Charlie Rojo. Ils ont ainsi réalisé des remakes de scènes issues des séries Umbrella Academy et Stranger Things, proposant ainsi leur propre version ou vision de la scène.
Ils ont pu expérimenter la technique qui consiste à refaire le doublage d’une séquence en inventant de nouveaux dialogues. Écrire, jouer et enregistrer leur propre univers sonore les a sensibilisés à l’adaptation de la version originale vers la version française et leur a permis d’expérimenter diverses techniques de doublage.
Quelques matériaux plastiques, bouts de ficelles et beaucoup d’imagination, ont suffi aux participant·es pour proposer une version suédée d’une séquence de Stranger Things. Il s’agissait pour les jeunes d'examiner l’extrait avec minutie afin de saisir la grammaire du cinéma (valeurs de plans, séquence, champ contre-champ…), de nourrir leur imaginaire et de bricoler, de recréer la séquence à l’identique, mais avec les moyens du bord, qui étaient à leur disposition.
L'expérimentation a également été menée au sein du centre de Loisirs l'Élan Coluche de Château-Renault (Indre-et-Loire). Lors d'un premier atelier, encadré par Marlène Lahalle, les jeunes ont pu rejouer de courtes séquences de La Casa de Papel et de Stranger Things.
Entre incrustation sur fond vert et film suédé, elles·ils ont proposé leur interprétation des dialogues dans les décors originaux de ces séries mais avec des costumes et accessoires de fortune. L'intérêt pédagogique de cet atelier est double au sens où l'utilisation de cette technique de tournage a été l'occasion de découvrir la création des effets spéciaux mais également d'expliquer la notion de remake.
Un second atelier a permis aux réalisateur·rices en herbe de disséquer, analyser des séries dans l'optique de réaliser un épisode en cinq jours durant les vacances de la Toussaint. Entre expérience de l'écriture scénaristique de série avec Louise Revoyre, scénariste professionnelle, et initiation à la réalisation avec le réalisateur Mallory Grolleau, les participant·es, ainsi que les éducateur·rices, ont pu se former et découvrir les mécanismes de création spécifiques aux séries.
Par ailleurs, en avril 2019, Sarah Lefort et Sébastien Papet, deux médiathécaires de la ville de Tours, ont pu rencontrer les jeunes castelrenaudais et leurs familles autour de leur quizz pédagogique et ludique Game of series le temps d'une séance de découverte. Ainsi, les participant·es devaient deviner, à partir d'extraits sonores et visuels, des titres de séries. L'occasion pour elles·eux de revenir sur une notion, un genre, un aspect historique des séries.
Par le prisme de diverses techniques, le doublage, le film suédé, l'incrustation sur fond vert et l'initiation à l'écriture scénaristique, les jeunes ont été sensibilisés à l’univers des séries et ont pu mieux appréhender les mécanismes de création de l’œuvre sérielle, tout en rencontrant des artistes et professionnel·les qui leur ont permis de mieux saisir les enjeux professionnels et procédés techniques inhérents à la réalisation de séries.
La pluralité des formules et pistes d’ateliers proposée (à la fois sur des temps courts et des temps longs) témoigne du fait que les séries sont des objets audiovisuels pluriels et variés, que l’on peut aborder à travers de nombreuses techniques audiovisuelles (remake, teaser, séquence suédée, etc.).
De plus, les différents ateliers proposés ont parfois réussi à mobiliser les mêmes groupes de jeunes sur des créneaux et des temporalités divers et séparés, ce qui conforte l’idée que les séries fédèrent et suscitent l’intérêt et l’adhésion des publics jeunes ciblés par le dispositif Passeurs d’images.
Un parcours d’ateliers - de la réalisation, au parcours de série en festival à la valorisation de sa production et de son processus de création à l’occasion d’un événement culturel Action proposée et portée au niveau régional par l’ACAP – entre février et avril 2019
L’action expérimentale initiée et portée par l’ACAP s’est développée à travers une logique de parcours articulé entre le Voir (diffusion), le Faire (pratique), la rencontre avec des créateur·rices et l’immersion, proposé à un groupe de jeunes filles résidant dans un foyer, Maison d'Enfants à caractère social, MECS Stud'avenir AJP St Quentin.
Analyse, écriture et réalisation
La première phase du projet a été consacrée à un atelier de réalisation d’une mini-série fictive, écrite, réalisée et performée par les jeunes résidentes. Elles ont été accompagnées dans leur processus créatif par le réalisateur de séries Antarès Bassis : ils ont d’abord visionné ensemble des extraits de séries, et il leur a donné des pistes techniques en leur expliquant les différents genres et formats de séries (dramédie, comédie, série feuilletonnante, etc.).
Par la suite, elles ont écrit les principales séquences des trois épisodes qu’elles ont imaginé, aidées dans la formulation et le développement de leurs envies narratives par l’intervenant, pendant 5 séances.
A la manière d’un brainstorming collectif, de dessins et d’écritures de repères narratifs sur des post-it collés au mur, les jeunes filles et le réalisateur ont ainsi pu élaborer le pitch et les dialogues, ainsi que le découpage technique de trois mini épisodes d’une série, Le monde à l’envers, qui raconte le quotidien de ces jeunes adolescentes vivant en foyer, éloignées de leurs familles.
Ce temps consacré à l’écriture et à la mise en pensée de leur série leur ont permis d’aborder des notions techniques relatives à l’écriture scénaristique telles que le cliffhanger, ou les jeux de suspense et d’effets de surprise.
Les participantes ont pu être plongées en situation professionnelle, dans le sens où la méthodologie utilisée pour les faire aboutir à l’écriture de leurs épisodes était basée sur l’oralité et le recours à des outils visuels (post-it et frise temporelle des enchainements d’intrigues de la série).
Elles ont ensuite tourné, sur quatre séances, deux des trois épisodes imaginés, avec un teaser du troisième épisode. Le temps a manqué pour tourner le troisième épisode et le montage a été effectué par l’intervenant artistique.
Cette étape consacrée à la mise en images des séquences a été l’occasion pour le groupe de participantes de s’essayer à la caméra, à la prise de son et au jeu d’actrice : chacune a pu assurer une mission technique différente sur chaque épisode et ainsi être initiée à toutes les techniques, tous les paramètres artistiques.
Parcours en festival de séries
À la suite de cette expérience de réalisation, les jeunes filles ont pu participer à un parcours de série au festival Séries Mania, le 23 mars 2019.
Elles ont pu participer à des séances de projection et rencontrer des créateur·rices de séries tout au long de la journée, et participer à des ateliers de pratique audiovisuelle et artistique, ce qui leur a offert une immersion particulière dans l’univers festivalier et professionnel des séries, leur permettant aussi d’ouvrir leurs connaissances et perspectives, de leur faire découvrir un ailleurs, de les déplacer de leur quotidien pour les plonger dans une dynamique de rencontres et d’échanges.
- Projection le matin de deux épisodes de la série Wayne.
- Un atelier l'après-midi au Tri Postal (« Ze serie horror pixi show » proposé par l’association Cellofan’).
- Rencontre avec les comédien·nes de la série Demain nous appartient.
- Circulation sur les activités proposées au Tri Postal : Escape game, exposition de décors de séries, découverte des casques 3D.
Restitution Enfin, leur travail et la réalisation de la mini-série a pu être restitué et valorisé à l’occasion du spectacle-résidence autour des séries de l’artiste Benoit Lagane, Le conteur cathodique, joué le 20 avril 2019 à la Scène Europe de Saint Quentin.
En amont, elles ont pu rencontrer à deux reprises l’artiste afin d’échanger avec lui sur son parcours, son spectacle, sur les séries en général, et de jouer à un quizz game interactif autour des séries, à la médiathèque Guy de Maupassant de St-Quentin.
Ces temps conviviaux et ludiques ont permis aux jeunes filles de parler de leur expérience de création avec un professionnel spécialiste des séries, autre que l’intervenant qui les avait accompagné dans leur processus de réalisation, et de faire ainsi murir, de transformer et transcender leurs rapports aux séries qu’elles regardaient jusqu’à maintenant, tout en affirmant leurs goûts, leurs points de vue, leur expressivité.
De son côté, Benoit Lagane, avec l’appui de l’ACAP, a aussi pu effectuer différentes rencontres avec plusieurs groupes. Ces rencontres préalables entre l’artiste et des publics permettent de déboucher sur un échange et un partage de souvenirs de spectateur·rices de séries et ainsi alimenter les idées scéniques et narratives pour la représentation de l’artiste, qu’il modifie et adapte selon chaque endroit où il se produit.
Ce parcours d’initiation pratique au monde sériel par le biais de différentes formes (écriture, réalisation, parcours en festival) a permis au groupe de participantes d’appréhender l’univers audiovisuel et artistique sériel à travers le prisme de différents paramètres.
Finalement, elles ont pu bénéficier de différentes activités, liées selon une logique de progression, et ont été engagées sur de longues périodes d’ateliers, espacés dans l’année, ce qui leur a laissé le temps de former leurs goûts et points de vue sur les séries, à travers des expériences sensibles de découverte par le visionnage, la pratique et l’échange.
Un parcours de série en festival : immersion, création, rencontres Action proposée et portée au niveau régional par Arcadi/la mission francilienne Passeurs d’images – juillet 2019
La coordination francilienne Passeurs d’images a déployé son action expérimentale en partenariat avec le festival Série, series, à travers la mise en place d’un parcours de série en festival sur les trois journées de la 8ème édition de la manifestation (1er-3 juillet 2019). Le parcours s’est articulé entre projection de série et visionnage, module d’analyse de séquence de série, rencontre avec des professionnel·les, module de réalisation d’une pastille d’entretien avec un professionnel de la série.
Ce projet a permis aux participant·es d’appréhender la série à travers une immersion complète au sein d’un événement qui leur a offert une fenêtre professionnelle et créative sur le monde des séries.
En effet, leur parcours de découverte et de sensibilisation s’est déployé autour de différents axes :
- Le Voir, avec la diffusion d’un épisode de série (Floodland), puis l’analyse du premier épisode de la série Real Humans.
- Le Faire, avec la réalisation d’une pastille d’entretien avec un créateur de série (Rik d’Hiet, scénariste de Floodland).
Accompagné·es dans leur dynamique spectatorielle, dans leur démarche analytique ainsi que dans leur processus créatif par trois professionnel·les de l’image et de la série, les participant·es ont pu envisager et approfondir leurs connaissances autour des séries à travers une expérience sensible, jalonnée d’échanges, de rencontres et de découvertes.
Les actions proposées au sein de ce projet ont permis d’encourager l’ouverture des jeunes à des outils qui leur permettent de mieux comprendre et analyser les spécificités audiovisuelles, discursives, narratives et esthétiques des séries, tout en partant de leurs propres pratiques culturelles et de leurs usages. Cela a aussi favorisé le développement de leur conscience critique, en contribuant ainsi à l’échange et à la cohésion sociale.
De plus, la rencontre avec des artistes et l’échange approfondi sur leur parcours professionnel, leur pratique artistique, peut aussi être vecteur de vocations professionnalisantes chez les participant·es. Enfin, ce parcours jalonné de différents ateliers a permis au festival Série, series d’initier une de leurs premières actions en termes d’éducation aux images dans l’offre culturelle de leur programme festivalier, et de développer ainsi une pratique qu’ils déploient déjà hors les murs, sur d’autres créneaux que ceux de leur festival.
Jour 1. Introduction théorique, discussions informelles et première prise en main technique lors de la projection de Floodland. (1er juillet 2019) Les participant·es ont, dans un premier temps, rencontré le scénariste et réalisateur Antarès Bassis. À ses côtés, les jeunes ont exprimé leurs goûts et usages en matière de série, et ils·elles ont pu entamer un dialogue avec l’intervenant sur leurs connaissances des termes techniques (arc narratif, la « bible », cliffhanger, etc.), tout en faisant un tour des genres sériels : drama, comédie, historique, dramédie, anthologie, etc. Antarès a laissé les participant·es dévoiler et échanger autour de leurs séries favorites, ainsi que leurs personnages préférés. Le temps de discussion a permis à l’intervenant de mieux connaître les jeunes et de leur proposer, par la suite, des axes de travail appropriés.
Dans un second temps, la théorie a laissé place à la pratique. L’intervenant a présenté son matériel de tournage aux lycéen·nes qui sont allé·es, par la suite, tourner des plans au Cinéma Ermitage de Fontainebleau dans le cadre de la projection de la série belgo-néerlandaise Floodland. Le matériel était composé d’un kit image et d’un kit son complet.
À tour de rôle et toujours avec l’accompagnement d’Antarès Bassis, les participant·es ont filmé l’avant-séance publique de Floodland. Ils sont parvenus à faire des images de l’équipe technique ainsi qu’à prendre le son ambiant. Ils ont ensuite assisté à la projection en séance publique d’un épisode Floodland ainsi qu’au panel de discussion qui s’en suivait ; panel composé de sept des membres de l’équipe de la série. Lors de la discussion, les jeunes ont également pu tourner quelques plans dans la salle.
Jour 2. Tournage de l’interview de Rik D’Hiet, rencontre avec les créateurs de Real Humans et analyse. (2 juillet 2019) Les jeunes ont eu la possibilité d’interviewer Rik D’Hiet, créateur et scénariste belge de la série Floodland, visionnée la veille.
Avant l’heure de l’interview, les participant·es ont préparé cette rencontre en rédigeant les questions et en choisissant le lieu de tournage adéquat (les jardins de Diane au château de Fontainebleau), accompagné·es d’Antarès Bassis, qui leur a donné des clés théoriques sur la conduite d’entretien et d’interviews : comment construire son propos et ses questions ? Comment filmer en interview ? Comment rythmer ses plans et dynamiser la discussion par des biais artistiques (réalisation en mouvement, effets de montage, etc.). Ils ont eu le temps de tourner des plans de coupe dans les jardins et ont pu à nouveau utiliser le matériel mis à disposition par l’intervenant (boitier vidéo, perche, micros HF etc.).
Les lycéen·nes sont ensuite retourné·es au théâtre pour commencer l’interview avec Rik d’Hiet. Après quelques questions posées, l’équipe s’est retrouvée dans les jardins de Diane pour la seconde partie de l’interview. Rik d’Hiet a parlé de son expérience de créateur, des étapes d’écriture, de certains détails scénaristiques, ainsi que de ses choix de casting. Après une heure d’interview, les lycéen·nes ont pu faire un débriefing avec Antarès Bassis et revenir sur les moments forts de l’interview, les difficultés rencontrées pendant le tournage, et les idées de pré-montage, etc.
L’après-midi, les participant·es ont rencontré Lars Lundström et Harald Hamrell, respectivement scénariste et réalisateur de la série suédoise Real Humans. Ils ont échangé sur les grands thèmes développés dans la série (la robotisation, la technologie poussée à l’extrême, l’obsolescence.). Ils ont également parlé de leurs propres parcours dans l’industrie du cinéma et de la télévision. Ils ont donné de nombreux conseils relatifs à leurs carrières aux jeunes, en pleine réflexion sur leur avenir.
À l’issue de cet entretien, les lycéen·nes ont visionné l’épisode pilote de Real Humans. Ils ont effectué un débriefing de l’épisode avec Stéphanie Masson (scénariste) et Romain Baujard (réalisateur). Stéphanie Masson et Romain Baujard ont commencé un travail d’analyse de séquence, à l’aune de l’image et des arcs narratifs du scénario, auquel les jeunes ont largement participé et débattu.
Jour 3. Atelier d’écriture sur Real Humans, projection et analyse des plans tournés par les lycéens. (3 juillet 2019) Pour ce dernier jour de parcours, les jeunes ont retrouvé Stéphanie Masson ainsi que Romain Baujard pour un atelier d’écriture. Ensemble, ils ont écrit des arcs narratifs possibles qui suivraient l’épisode pilote de Real Humans, analysé la veille. Ils ont évoqué le futur de certains personnages et ont continué l’histoire, la suite narrative de Real Humans, comme feraient des scénaristes professionnel·les.
L’atelier d’écriture s’est terminé et a laissé place au retour d’Antares Bassis, qui a montré les images tournées par les participant·es les deux jours précédents : au Cinéma Ermitage lors de la projection ; mais également les plans tournés au théâtre et dans les jardins de Diane, avec l’interview de Rik D’Hiet.
Avec un regard et un point de vue pédagogiques, l’intervenant a pointé les forces et les faiblesses de chaque plan, en matière d’image et de son. Les participant·es ont ainsi pu voir concrètement le résultat de leurs parcours sur le festival et sont reparti·es de nouvelles clés pour améliorer leur technique.
La coordination Passeurs d’images francilienne, en lien avec d’autres partenaires, coordonne une recherche-action : « usages numériques, salles de cinéma, pratiques des publics adolescents, médiation : des convergences à inventer » : http://www.educationauximages.fr/
expérimentation séries
Enjeux et objectifs
En bref
Les actions expérimentales
Ressources nationales
Ressources régionales
Partenaires
Actualités
Évaluation Séries en images
L'évaluation du projet expérimental Séries en images est en ligne : l'occasion de (re)découvrir les actions qui ont été déployées auprès des publics, sur les territoires, tout en ayant un regard analytique sur les effets produits par les ateliers ainsi que sur les plus-values pédagogiques, les possibilités de médiation apportées par le médium sériel.
Cette évaluation a bénéficié des conseils de Félix Dupin Meynard, chercheur en science politique au CEPEL (CNRS-Université de Montpellier).
Restitution : le 15 octobre 2020
La journée de restitution et de valorisation du projet expérimental Séries en images se tiendra le 15 octobre 2020 à la BnF (Bibliothèque François Mitterrand), en partenariat avec la BnF et le festival Série, series.
La journée sera l’occasion de découvrir les productions sérielles réalisées par les jeunes pendant les ateliers, participer à des échanges et des discussions autour des séries, de leurs possibilités créatives et pédagogiques, tout en rencontrant des artistes et des professionnel·les travaillant sur ces questions.
L'association Passeurs d'images et la BnF ont engagé un partenariat, qui vise à mieux faire connaître les ressources qu'offrent les collections audiovisuelles de la BnF pour l'éducation aux images. L'après-midi de restitution permettra de découvrir la constitution à la BnF d'un patrimoine des séries, largement ouvert sur l'histoire longue et la diversité du format sériel.
L’association Passeurs d’images a également engagé un partenariat avec le festival Série, series : l’expertise de Série, series sur le monde professionnel de ce secteur de création et de production ainsi que les expériences de terrain du réseau Passeurs d’images sur les séries comme médiums d’éducation aux images, se croiseront au sein d’un même événement afin de déployer une réflexion complète sur les séries et leurs possibles pédagogiques et créatifs dans des situations de transmission.
Découvrez le programme de cette journée, ici !
Les inscriptions sont ouvertes, cliquez-ici !
Pour toutes questions, n’hésitez pas à écrire à l’adresse suivante : carol@passeursdimages.fr.
Enjeux et objectifs
La genèse du projet expérimental interrégional Passeurs d’images, Séries en images, prend forme dans le constat, partagé par l’ensemble des professionnel·les de l’éducation aux images, que les publics jeunes fréquentent de moins en moins les salles de cinéma, lesquelles ont pourtant été longtemps le pivot et le fondement d’un apprentissage culturel et citoyen.
Le réseau Passeurs d’images, constitué des coordinations régionales du dispositif, des partenaires institutionnels et de la coordination nationale, a fait le choix dès fin 2018 de mettre l’accent sur les séries dans leurs propositions pédagogiques et artistiques, auprès des publics cibles du dispositif éponyme.
En effet, 200.5 millions de spectateur·rices français·es sont allé·es au cinéma en 2018, selon les chiffres du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Ce résultat marque une baisse de 4,25 % par rapport à l’année 2017. Il apparaît ainsi que les intérêts et les pratiques culturelles des publics, notamment les publics jeunes, sont souvent ailleurs : sur les réseaux sociaux, sur les plateformes numériques diffusant des contenus audiovisuels, tant amateurs que professionnels (YouTube, Netflix, ou encore Instagram, Facebook, Snapchat, etc.).
La démultiplication des nouveaux formats et supports audiovisuels offre de nouvelles perspectives et de nouveaux possibles en termes de création, de partage, de narration, de communication, de diffusion et de visionnage.
Il s’agit pour les acteur·rices de l’éducation aux images, et notamment les lieux de diffusion, de médiation et d’animation, de réinventer tant leur place que leurs modalités d’action, afin de parvenir à aller à la rencontre d’un public, prioritairement jeune et adolescent, qui déploie des pratiques diverses et qui reconfigure en permanence ses usages et ses codes, en se basant sur la forme et le contenu des outils qu’il pratique au quotidien.
Face à cet état des lieux, il semble nécessaire de pouvoir proposer et mettre en avant des thématiques fortes et actuelles qui traversent nos sociétés ainsi que le quotidien et les pratiques des publics cibles.
De ce fait, il est important de défricher les territoires de pensée et d’action associés à la création sérielle, en formulant les enjeux pédagogiques spécifiques liés à l’étude et à la pratique de cette forme, afin de voir comment cet objet peut être investi comme médium d’éducation aux images, comme médium de l’éducation artistique et culturelle.
Cette expérimentation autour des séries et de leurs possibles pédagogiques et artistiques permet donc de penser ce médium comme un support de médiation et de travail afin d’accompagner les publics dans leur pratique spectatorielle (visionnage et analyse) et créative des séries (écriture et/ou réalisation), à travers le prisme de la professionnalisation.
Ainsi, quatre coordinations régionales du dispositif Passeurs d’images ont été soutenues en 2019. L’ACAP (coordination Passeurs d’images Hauts-de-France, versant sud), Arcadi (coordination Passeurs d’images Ile-de-France 1), Ciclic (coordination Passeurs d’images en Centre-Val-de-Loire) et l’UFFEJ Bretagne (coordination Passeurs d’images Bretagne) ont donc mené des actions expérimentales et innovantes en lien avec l’éducation aux images et les séries, afin de tester différentes formules d’ateliers pédagogiques et artistiques auprès de leurs publics, tout en inventant de nouveaux modes opératoires et de nouvelles ressources, de nouveaux outils de médiation.
1- La mission de coordination Passeurs d’images pour la région Ile-de-France est portée par l’association Passeurs d’images depuis aout 2019.
En bref
ENJEUX PRINCIPAUX
- Inciter et soutenir l’ouverture des publics cibles, à partir de leurs propres pratiques sérielles et codes culturels, à des outils et ressources pédago-ludiques qui leur permettront de mieux appréhender, comprendre et analyser les séries et les contenus audiovisuels en général ;
- Rendre possible le développement d’une conscience critique individuelle par des étapes de visionnage d’extraits de série, de modules analytiques et de temps de débat ;
- Contribuer à la cohésion, la mixité sociale et à l’échange citoyen à travers la dynamique de groupe, d’interaction et de création collaborative qui se déploie dans les actions proposées aux publics ;
- Proposer des actions et des ateliers qui s’articulent dans une logique de parcours, incluant et mettant en rapport le Voir (diffusion) et le Faire (pratique - technique) et qui permettent de comprendre les modes de fabrication et de pensée d’une série, qui se différencient de ceux du cinéma ou de la création audiovisuelle en général ;
- Mettre en place des actions bénéficiant d’un accompagnement et de l’expertise de professionnel·les de l’image et de la médiation, d’artistes, afin de faciliter l’initiation à l’univers professionnel des séries, ainsi que la rencontre entre professionnel·les et publics amateurs ;
- Mobiliser des acteur·rices d’horizons à la fois divers et complémentaires (partenaires culturels, artistiques, sociaux, partenaires du champ éducatif, du champ de la médiation, etc.) pour mailler les professionnel·les et les structures impliquées et ainsi renforcer, pérenniser les actions déployées au bénéfice des publics ;
- Imaginer de nouvelles formes de médiation, adaptées aux séries.
OBJECTIFS COMMUNS
- Renouveler les propositions pédagogiques en lien avec l’éducation aux images et ainsi développer les publics et les porteurs de projets touchés, mobilisés par les actions Passeurs d’images ;
- Favoriser la cinéphilie et la fréquentation des équipements culturels et salles de cinéma de proximité chez les participant·es ;
- Encourager la mobilisation et l’investissement des participant·es tout au long de l’action ;
- Accroître la collaboration, l’esprit d’équipe et la dynamique de groupe chez les participant·es ;
- Distancier les participant·es et leur permettre de prendre du recul vis-à-vis de contenus audiovisuels, de séries, qu’elles·ils regardent régulièrement et qui sont partie intégrante de leur socle de références, de leur culture commune ;
- Soutenir la rencontre entre des artistes et des publics, des œuvres et des publics, et déployer connaissances et compétences chez les participant·es par le biais de cette médiation et de la pratique ;
- Faire émerger des vocations professionnelles audiovisuelles (écriture scénaristique, réalisation, médiation, animation, production, etc.) chez les participant·es aux actions.
Les actions expérimentales
En Bretagne...
Initiation aux séries par le jeu, l’écriture et l’exercice du pitch vidéo
Action proposée et portée au niveau régional par l’UFFEJ Bretagne – entre avril et novembre 2019
L’action testée s’est proposée de placer les groupes de jeunes en situation professionnelle d’écriture, à la manière des writing-rooms, des workshops d’écriture qui sont organisés dans les chaines de production et de création de la filière audiovisuelle sérielle, afin de construire les intrigues et scenarii des programmes conçus.
A la manière d’un showrunner (1) , l’intervenant artistique associé au projet et aux quatre ateliers d’écriture, Christophe Lemoine, a accompagné et guidé les participant·es dans le déploiement et l’organisation de leurs idées discursives et narratives, ainsi que dans le travail autour des personnages et de leurs spécificités (définition pour chaque personnage imaginé pour la saison : profil physique, attitudes, personnalité et traits de caractère principaux, histoire passée, buts et enjeux vis-à-vis de l’intrigue de la série, etc.).
Il a ainsi amené les groupes à réfléchir et imaginer collectivement les arcs narratifs, l’intrigue et la caractérisation des personnages de la première saison d’une série fictive/imaginée, d’une série dont ils·elles aimeraient être les spectateur·rices.
Les ateliers (se répartissant selon les groupes entre deux et trois jours de travail) débutaient toujours par un temps pédago-ludique d’échanges entre les participant·es et l’artiste, par le biais du jeu de plateau développé par l’UFFEJ Mais qui a tué Sheldon Cooper ? Cet outil ludique propose de faire découvrir l’univers des séries. Inspiré par le principe du Cluedo, ce jeu met en place au début de la partie un meurtre à résoudre, celui de Sheldon Cooper. Il s’agit pour les joueur·euses de retrouver le coupable et le mobile. L’évolution du pion sur le plateau de jeu est rythmée par le lancer de dé, des cartes à piocher et des indices donnés par le maître du jeu. Le jeu est par ailleurs une manière conviviale et chaleureuse d’échanger avec autrui autour de l’univers des séries, ses pratiques culturelles personnelles, ainsi que d’aborder les notions techniques propres aux objets audiovisuels sériels.
Après cette première initiation par le jeu, ce dialogue préliminaire entre tou·tes les participant·es à l’atelier sur les goûts et leurs rapports aux séries les amènent à imaginer la première saison de leur propre série, en se basant sur un format de brainstorming, fondé sur l’oralité du récit et la parole, afin de ne freiner d’aucune manière l’inventivité et la créativité des jeunes participant·es.
A travers un travail sur l’intrigue, les arcs narratifs, les personnages, les jeunes, accompagné·es dans leur démarche créative par l’artiste, ont pu chacun·e formuler et concevoir la première saison d’une série.
L’artiste se proposait de faire la retranscription écrite des idées qu’apportait chaque jeune, afin de ne pas les figer dans des contraintes rédactionnelles. A l’issue de l’atelier, l’artiste remaniait le document afin de le mettre au propre et de le rendre lisible, puis l’envoyait aux participant·es.
Les quatre projets de séries émanant de cette action expérimentale vont certainement faire l’objet d’un dépôt à la SACD, afin que les idées originales déclinées dans les textes soient protégées.
Sur certains ateliers et quand le temps le permettait, les jeunes se sont aussi essayé·es à l’exercice du pitch vidéo – comme s’ils·elles devaient raconter et envoyer leur projet de série à une société de production afin de trouver des financements au projet pour qu’il se réalise.
Ces ateliers, en étant organisés sur le terrain avec des porteurs de projets à la fois sociaux (MJC, etc.) et culturels (salles de cinéma), ont aussi permis de mailler les structures sur les territoires et de proposer des actions permettant à toutes les parties associées de défendre différents enjeux : l’ouverture vers des lieux de diffusion culturelle pour des structures du champ social et la fréquentation de nouveaux publics, l’émergence de nouveaux partenariats pour les lieux de médiation artistique.
Ainsi, ces ateliers d’écriture ont permis d’explorer de nouvelles formes de pratiques autour des séries, qui sont peu exploitées en atelier d’écriture, et a favorisé la rencontre entre jeunes et artistes en région.
Ce projet s’est aussi attaché à mettre en valeur les compétences et productions des jeunes, à s'intéresser à leur culture, leurs pratiques et modes de communication, tout en accompagnant leur prise de recul sur leurs rapports avec les séries par le biais de la création, de l’imagination et de l’échange.
Enfin, cette expérience a aussi contribué aux questionnements actuels des salles de cinéma : quelle place des jeunes dans les salles de cinéma aujourd'hui, quels contenus et quelles pratiques pour la salle de cinéma de demain ?
Formation
La mise en place de ces ateliers a été précédée par l’organisation d’une journée de formation régionale d’éducation aux images le 24 mai 2019 à La Balise (Lorient). Elle a pris place dans le cadre du festival de cinéma Le Joli Mai organisé du 22 au 26 mai à Lorient par l’association J’ai vu un documentaire, soutenue au titre du dispositif Passeurs d’images en Bretagne.
Différentes projections et animations, en lien notamment avec des actions menées avec des publics des quartiers, ont été proposées. Une conférence sur « le cinéma, jeu vidéo, séries : éduquer à l’image à l’ère numérique » a été donnée par Mehdi Derfoufi, enseignant-chercheur en cinéma et jeu vidéo, membre de l’OMNSH (Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines) et chercheur associé à l’IRCAV (institut de Recherche sur le Cinéma et l’Audiovisuel, Paris 3 Sorbonne-Nouvelle).
Cette conférence a proposé un ensemble de réflexions sur le rôle des salles et sur les enjeux de l’éducation à l’image à l’ère numérique. Faut-il s'inquiéter de la place prise par les séries télévisées et les jeux vidéo ? Pourquoi le cinéma devrait-il primer ? L’intervenant est revenu sur les notions établies d'auteur, de création artistique et d’œuvre et a dégagé quelques pistes à partir de l'enjeu des pratiques des publics.
Projets de séries imaginés pendant les quatre ateliers :
- Série imaginée à Douarnenez : Entre deux eaux (projet écrit).
- Série imaginée à Fougères : Latica (projet écrit + pitchs vidéo)
- Série imaginée à Loudéac : L’écho du bahut (projet écrit + pitchs vidéo)
- Série imaginée à Lanester :Corps et âmes (projet écrit)
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(1) Un·e showrunner·euse est responsable de l’idée d’une série jusqu’à sa création. Une fois la série validée, le·la showrunner·euse doit s’assurer du bon fonctionnement d’un scénario pour chaque épisode, tout au long de sa réalisation.
En Centre-Val-de-Loire...
Une série d’ateliers autour des séries
Action proposée et portée au niveau régional par Ciclic – entre avril 2019 et janvier 2020
Les enfants de l'Accueil de Jeunes de Cœur de Brenne (Indre) se sont prêtés au jeu du détournement lors d’un atelier animé par le réalisateur Charlie Rojo. Ils ont ainsi réalisé des remakes de scènes issues des séries Umbrella Academy et Stranger Things, proposant ainsi leur propre version ou vision de la scène.
Ils ont pu expérimenter la technique qui consiste à refaire le doublage d’une séquence en inventant de nouveaux dialogues. Écrire, jouer et enregistrer leur propre univers sonore les a sensibilisés à l’adaptation de la version originale vers la version française et leur a permis d’expérimenter diverses techniques de doublage.
Quelques matériaux plastiques, bouts de ficelles et beaucoup d’imagination, ont suffi aux participant·es pour proposer une version suédée d’une séquence de Stranger Things. Il s’agissait pour les jeunes d'examiner l’extrait avec minutie afin de saisir la grammaire du cinéma (valeurs de plans, séquence, champ contre-champ…), de nourrir leur imaginaire et de bricoler, de recréer la séquence à l’identique, mais avec les moyens du bord, qui étaient à leur disposition.
L'expérimentation a également été menée au sein du centre de Loisirs l'Élan Coluche de Château-Renault (Indre-et-Loire). Lors d'un premier atelier, encadré par Marlène Lahalle, les jeunes ont pu rejouer de courtes séquences de La Casa de Papel et de Stranger Things.
Entre incrustation sur fond vert et film suédé, elles·ils ont proposé leur interprétation des dialogues dans les décors originaux de ces séries mais avec des costumes et accessoires de fortune. L'intérêt pédagogique de cet atelier est double au sens où l'utilisation de cette technique de tournage a été l'occasion de découvrir la création des effets spéciaux mais également d'expliquer la notion de remake.
Un second atelier a permis aux réalisateur·rices en herbe de disséquer, analyser des séries dans l'optique de réaliser un épisode en cinq jours durant les vacances de la Toussaint. Entre expérience de l'écriture scénaristique de série avec Louise Revoyre, scénariste professionnelle, et initiation à la réalisation avec le réalisateur Mallory Grolleau, les participant·es, ainsi que les éducateur·rices, ont pu se former et découvrir les mécanismes de création spécifiques aux séries.
Par ailleurs, en avril 2019, Sarah Lefort et Sébastien Papet, deux médiathécaires de la ville de Tours, ont pu rencontrer les jeunes castelrenaudais et leurs familles autour de leur quizz pédagogique et ludique Game of series le temps d'une séance de découverte. Ainsi, les participant·es devaient deviner, à partir d'extraits sonores et visuels, des titres de séries. L'occasion pour elles·eux de revenir sur une notion, un genre, un aspect historique des séries.
Par le prisme de diverses techniques, le doublage, le film suédé, l'incrustation sur fond vert et l'initiation à l'écriture scénaristique, les jeunes ont été sensibilisés à l’univers des séries et ont pu mieux appréhender les mécanismes de création de l’œuvre sérielle, tout en rencontrant des artistes et professionnel·les qui leur ont permis de mieux saisir les enjeux professionnels et procédés techniques inhérents à la réalisation de séries.
La pluralité des formules et pistes d’ateliers proposée (à la fois sur des temps courts et des temps longs) témoigne du fait que les séries sont des objets audiovisuels pluriels et variés, que l’on peut aborder à travers de nombreuses techniques audiovisuelles (remake, teaser, séquence suédée, etc.).
De plus, les différents ateliers proposés ont parfois réussi à mobiliser les mêmes groupes de jeunes sur des créneaux et des temporalités divers et séparés, ce qui conforte l’idée que les séries fédèrent et suscitent l’intérêt et l’adhésion des publics jeunes ciblés par le dispositif Passeurs d’images.
Voir les productions des ateliers...
En Hauts-de-France
Un parcours d’ateliers - de la réalisation, au parcours de série en festival à la valorisation de sa production et de son processus de création à l’occasion d’un événement culturel
Action proposée et portée au niveau régional par l’ACAP – entre février et avril 2019
Analyse, écriture et réalisation
La première phase du projet a été consacrée à un atelier de réalisation d’une mini-série fictive, écrite, réalisée et performée par les jeunes résidentes. Elles ont été accompagnées dans leur processus créatif par le réalisateur de séries Antarès Bassis : ils ont d’abord visionné ensemble des extraits de séries, et il leur a donné des pistes techniques en leur expliquant les différents genres et formats de séries (dramédie, comédie, série feuilletonnante, etc.).
Par la suite, elles ont écrit les principales séquences des trois épisodes qu’elles ont imaginé, aidées dans la formulation et le développement de leurs envies narratives par l’intervenant, pendant 5 séances.
A la manière d’un brainstorming collectif, de dessins et d’écritures de repères narratifs sur des post-it collés au mur, les jeunes filles et le réalisateur ont ainsi pu élaborer le pitch et les dialogues, ainsi que le découpage technique de trois mini épisodes d’une série, Le monde à l’envers, qui raconte le quotidien de ces jeunes adolescentes vivant en foyer, éloignées de leurs familles.
Ce temps consacré à l’écriture et à la mise en pensée de leur série leur ont permis d’aborder des notions techniques relatives à l’écriture scénaristique telles que le cliffhanger, ou les jeux de suspense et d’effets de surprise.
Les participantes ont pu être plongées en situation professionnelle, dans le sens où la méthodologie utilisée pour les faire aboutir à l’écriture de leurs épisodes était basée sur l’oralité et le recours à des outils visuels (post-it et frise temporelle des enchainements d’intrigues de la série).
Elles ont ensuite tourné, sur quatre séances, deux des trois épisodes imaginés, avec un teaser du troisième épisode. Le temps a manqué pour tourner le troisième épisode et le montage a été effectué par l’intervenant artistique.
Cette étape consacrée à la mise en images des séquences a été l’occasion pour le groupe de participantes de s’essayer à la caméra, à la prise de son et au jeu d’actrice : chacune a pu assurer une mission technique différente sur chaque épisode et ainsi être initiée à toutes les techniques, tous les paramètres artistiques.
Parcours en festival de séries
À la suite de cette expérience de réalisation, les jeunes filles ont pu participer à un parcours de série au festival Séries Mania, le 23 mars 2019.
Elles ont pu participer à des séances de projection et rencontrer des créateur·rices de séries tout au long de la journée, et participer à des ateliers de pratique audiovisuelle et artistique, ce qui leur a offert une immersion particulière dans l’univers festivalier et professionnel des séries, leur permettant aussi d’ouvrir leurs connaissances et perspectives, de leur faire découvrir un ailleurs, de les déplacer de leur quotidien pour les plonger dans une dynamique de rencontres et d’échanges.
- Projection le matin de deux épisodes de la série Wayne.
- Un atelier l'après-midi au Tri Postal (« Ze serie horror pixi show » proposé par l’association Cellofan’).
- Rencontre avec les comédien·nes de la série Demain nous appartient.
- Circulation sur les activités proposées au Tri Postal : Escape game, exposition de décors de séries, découverte des casques 3D.
Restitution
Enfin, leur travail et la réalisation de la mini-série a pu être restitué et valorisé à l’occasion du spectacle-résidence autour des séries de l’artiste Benoit Lagane, Le conteur cathodique, joué le 20 avril 2019 à la Scène Europe de Saint Quentin.
En amont, elles ont pu rencontrer à deux reprises l’artiste afin d’échanger avec lui sur son parcours, son spectacle, sur les séries en général, et de jouer à un quizz game interactif autour des séries, à la médiathèque Guy de Maupassant de St-Quentin.
Ces temps conviviaux et ludiques ont permis aux jeunes filles de parler de leur expérience de création avec un professionnel spécialiste des séries, autre que l’intervenant qui les avait accompagné dans leur processus de réalisation, et de faire ainsi murir, de transformer et transcender leurs rapports aux séries qu’elles regardaient jusqu’à maintenant, tout en affirmant leurs goûts, leurs points de vue, leur expressivité.
De son côté, Benoit Lagane, avec l’appui de l’ACAP, a aussi pu effectuer différentes rencontres avec plusieurs groupes. Ces rencontres préalables entre l’artiste et des publics permettent de déboucher sur un échange et un partage de souvenirs de spectateur·rices de séries et ainsi alimenter les idées scéniques et narratives pour la représentation de l’artiste, qu’il modifie et adapte selon chaque endroit où il se produit.
Ce parcours d’initiation pratique au monde sériel par le biais de différentes formes (écriture, réalisation, parcours en festival) a permis au groupe de participantes d’appréhender l’univers audiovisuel et artistique sériel à travers le prisme de différents paramètres.
Finalement, elles ont pu bénéficier de différentes activités, liées selon une logique de progression, et ont été engagées sur de longues périodes d’ateliers, espacés dans l’année, ce qui leur a laissé le temps de former leurs goûts et points de vue sur les séries, à travers des expériences sensibles de découverte par le visionnage, la pratique et l’échange.
En Île-de-France...
Un parcours de série en festival : immersion, création, rencontres
Action proposée et portée au niveau régional par Arcadi/la mission francilienne Passeurs d’images – juillet 2019
- Le Voir, avec la diffusion d’un épisode de série (Floodland), puis l’analyse du premier épisode de la série Real Humans.
- Le Faire, avec la réalisation d’une pastille d’entretien avec un créateur de série (Rik d’Hiet, scénariste de Floodland).
Accompagné·es dans leur dynamique spectatorielle, dans leur démarche analytique ainsi que dans leur processus créatif par trois professionnel·les de l’image et de la série, les participant·es ont pu envisager et approfondir leurs connaissances autour des séries à travers une expérience sensible, jalonnée d’échanges, de rencontres et de découvertes.
Les actions proposées au sein de ce projet ont permis d’encourager l’ouverture des jeunes à des outils qui leur permettent de mieux comprendre et analyser les spécificités audiovisuelles, discursives, narratives et esthétiques des séries, tout en partant de leurs propres pratiques culturelles et de leurs usages. Cela a aussi favorisé le développement de leur conscience critique, en contribuant ainsi à l’échange et à la cohésion sociale.
De plus, la rencontre avec des artistes et l’échange approfondi sur leur parcours professionnel, leur pratique artistique, peut aussi être vecteur de vocations professionnalisantes chez les participant·es. Enfin, ce parcours jalonné de différents ateliers a permis au festival Série, series d’initier une de leurs premières actions en termes d’éducation aux images dans l’offre culturelle de leur programme festivalier, et de développer ainsi une pratique qu’ils déploient déjà hors les murs, sur d’autres créneaux que ceux de leur festival.
Jour 1. Introduction théorique, discussions informelles et première prise en main technique lors de la projection de Floodland. (1er juillet 2019)
Les participant·es ont, dans un premier temps, rencontré le scénariste et réalisateur Antarès Bassis. À ses côtés, les jeunes ont exprimé leurs goûts et usages en matière de série, et ils·elles ont pu entamer un dialogue avec l’intervenant sur leurs connaissances des termes techniques (arc narratif, la « bible », cliffhanger, etc.), tout en faisant un tour des genres sériels : drama, comédie, historique, dramédie, anthologie, etc. Antarès a laissé les participant·es dévoiler et échanger autour de leurs séries favorites, ainsi que leurs personnages préférés. Le temps de discussion a permis à l’intervenant de mieux connaître les jeunes et de leur proposer, par la suite, des axes de travail appropriés.
Dans un second temps, la théorie a laissé place à la pratique. L’intervenant a présenté son matériel de tournage aux lycéen·nes qui sont allé·es, par la suite, tourner des plans au Cinéma Ermitage de Fontainebleau dans le cadre de la projection de la série belgo-néerlandaise Floodland. Le matériel était composé d’un kit image et d’un kit son complet.
À tour de rôle et toujours avec l’accompagnement d’Antarès Bassis, les participant·es ont filmé l’avant-séance publique de Floodland. Ils sont parvenus à faire des images de l’équipe technique ainsi qu’à prendre le son ambiant. Ils ont ensuite assisté à la projection en séance publique d’un épisode Floodland ainsi qu’au panel de discussion qui s’en suivait ; panel composé de sept des membres de l’équipe de la série. Lors de la discussion, les jeunes ont également pu tourner quelques plans dans la salle.
Jour 2. Tournage de l’interview de Rik D’Hiet, rencontre avec les créateurs de Real Humans et analyse. (2 juillet 2019)
Les jeunes ont eu la possibilité d’interviewer Rik D’Hiet, créateur et scénariste belge de la série Floodland, visionnée la veille.
Avant l’heure de l’interview, les participant·es ont préparé cette rencontre en rédigeant les questions et en choisissant le lieu de tournage adéquat (les jardins de Diane au château de Fontainebleau), accompagné·es d’Antarès Bassis, qui leur a donné des clés théoriques sur la conduite d’entretien et d’interviews : comment construire son propos et ses questions ? Comment filmer en interview ? Comment rythmer ses plans et dynamiser la discussion par des biais artistiques (réalisation en mouvement, effets de montage, etc.). Ils ont eu le temps de tourner des plans de coupe dans les jardins et ont pu à nouveau utiliser le matériel mis à disposition par l’intervenant (boitier vidéo, perche, micros HF etc.).
Les lycéen·nes sont ensuite retourné·es au théâtre pour commencer l’interview avec Rik d’Hiet. Après quelques questions posées, l’équipe s’est retrouvée dans les jardins de Diane pour la seconde partie de l’interview. Rik d’Hiet a parlé de son expérience de créateur, des étapes d’écriture, de certains détails scénaristiques, ainsi que de ses choix de casting. Après une heure d’interview, les lycéen·nes ont pu faire un débriefing avec Antarès Bassis et revenir sur les moments forts de l’interview, les difficultés rencontrées pendant le tournage, et les idées de pré-montage, etc.
L’après-midi, les participant·es ont rencontré Lars Lundström et Harald Hamrell, respectivement scénariste et réalisateur de la série suédoise Real Humans. Ils ont échangé sur les grands thèmes développés dans la série (la robotisation, la technologie poussée à l’extrême, l’obsolescence.). Ils ont également parlé de leurs propres parcours dans l’industrie du cinéma et de la télévision. Ils ont donné de nombreux conseils relatifs à leurs carrières aux jeunes, en pleine réflexion sur leur avenir.
À l’issue de cet entretien, les lycéen·nes ont visionné l’épisode pilote de Real Humans. Ils ont effectué un débriefing de l’épisode avec Stéphanie Masson (scénariste) et Romain Baujard (réalisateur). Stéphanie Masson et Romain Baujard ont commencé un travail d’analyse de séquence, à l’aune de l’image et des arcs narratifs du scénario, auquel les jeunes ont largement participé et débattu.
Jour 3. Atelier d’écriture sur Real Humans, projection et analyse des plans tournés par les lycéens. (3 juillet 2019)
Pour ce dernier jour de parcours, les jeunes ont retrouvé Stéphanie Masson ainsi que Romain Baujard pour un atelier d’écriture. Ensemble, ils ont écrit des arcs narratifs possibles qui suivraient l’épisode pilote de Real Humans, analysé la veille. Ils ont évoqué le futur de certains personnages et ont continué l’histoire, la suite narrative de Real Humans, comme feraient des scénaristes professionnel·les.
L’atelier d’écriture s’est terminé et a laissé place au retour d’Antares Bassis, qui a montré les images tournées par les participant·es les deux jours précédents : au Cinéma Ermitage lors de la projection ; mais également les plans tournés au théâtre et dans les jardins de Diane, avec l’interview de Rik D’Hiet.
Avec un regard et un point de vue pédagogiques, l’intervenant a pointé les forces et les faiblesses de chaque plan, en matière d’image et de son. Les participant·es ont ainsi pu voir concrètement le résultat de leurs parcours sur le festival et sont reparti·es de nouvelles clés pour améliorer leur technique.
Ressources nationales
Rendez-vous professionnels dédiés aux séries dans le monde francophone
Ressources pédagogiques sur les séries audiovisuelles
Repères bibliographiques sur les séries audiovisuelles
Ressources régionales
CENTRE VAL DE LOIRE
- Une frise chronologique sur l'histoire des séries
- Une vidéo autour du vocabulaire des séries
- Une étude de cas autour de la série The Walking Dead : rebâtir une épopée
HAUTS DE FRANCE
- Livret pédagogique « Education aux images & séries » (PDF)
ÎLE DE FRANCE
La coordination Passeurs d’images francilienne, en lien avec d’autres partenaires, coordonne une recherche-action : « usages numériques, salles de cinéma, pratiques des publics adolescents, médiation : des convergences à inventer » : http://www.educationauximages.fr/
Partenaires
avec le soutien de
En partenariat sur l'expérimentation avec
En partenariat sur la journée de restitution avec